« La Finlande, un modèle éducatif pour la France ? » ? Un entretien avec l’auteur, Paul ROBERT, sur le site du Café Pédagogique ("L’Expresso" du 28 avril 2009)

mardi 28 avril 2009
 Christian PUREN

« Paul Robert est simplement allé voir comment le système éducatif le plus performant fonctionne. Le résultat prend à rebrousse-poil nos conceptions les plus ancrées. Xavier Darcos a-t-il lu Paul Robert ? »

Extraits

Un des aspects les plus intéressants du lycée finlandais, c’est que la classe y a disparu. À la place on a des modules, à l’image de ce qui existe en faculté avec les U.V. Les élèves composent leur cursus avec ces modules. Ils doivent suivre 75 « cours » sur 3 ans, chaque cours étant composé de 38 séquences de 45 minutes réparties sur 6 semaines. Sur ces 75, 45 sont obligatoires. 30 sont à choisir : il peut s’agir d’approfondissement d’un cours obligatoire ou d’une autre discipline. Par exemple, en histoire, les jeunes doivent suivre 6 cours obligatoires mais ils peuvent en prendre jusqu’à 9. Certaines disciplines sont totalement optionnelles et varient d’un lycée à l’autre. Par exemple un lycée a ouvert un cours de création d’entreprise qui est mené d’une façon très réaliste. Cela permet aux lycées de définir une identité en s’axant sur la musique ou les sciences par exemple. (...)

Certains professeurs se plaignent de la disparition de la classe et de la relation qui se construisait sur une année entière. Mais globalement les jeunes sont contents. Entre profs et élèves, ce qui est surprenant pour nous c’est la grande familiarité, l’absence du sentiment hiérarchique si présent ici. Les professeurs sont accessibles. On peut appeler son prof de maths sur son portable pour un conseil par exemple. À vrai dire, cette relation n’est pas liée à la modularité. Elle est déjà présente à l’école fondamentale. (...)

La formation des enseignants est différente en Finlande ?

Oui, et c’est la clé de la réussite. Ils ont su lier la formation professionnelle et la progression dans le métier. Ils ont également associé étroitement formation théorique et pratique tout au long de la formation. Le résultat c’est qu’ils forment des enseignants qui ont une grande capacité à réfléchir sur leurs pratiques. Du coup d’ailleurs ils ont supprimé les inspections il y a 15 ans. Ils n’en ont plus besoin.

Une autre clé c’est la qualité du suivi des élèves dès le jardin d’enfant. C’est très important pour lutter contre les inégalités sociales. Les enfants sont testés dès leur plus jeune âge et quand des difficultés cognitives sont décelées un plan est mis en place pour les aider. Si on réforme le lycée sans rien faire en amont on maintiendra les inégalités.

Lire l’entretien entre Paul Robert et François Jarraud sur le site www.cafepedagogique.net


« Xavier Darcos a-t-il lu Paul Robert ? »
Qualité du suivi des élèves, association étroite de la théorie et de la pratique tout au long de formation,... : Si Xavier Darcos a lu Paul Robert, c’est apparemment pour faire son marché dans le système scolaire finlandais comme un consommateur lambda va le faire à Leader Price ou à Netto : à moindres coûts.

Christian Puren


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