C’était il y a.... « Le nouveau baccalauréat : il y a 38 ans », par Francis Wallet

vendredi 27 mars 2015

Les liens sur les numéros renvoient au sommaire du numéro en ligne sur Gallica, les liens sur un titre d’articles renvoient à l’article lui-même..

L’APLV a toujours été préoccupée par les problèmes de l’évaluation à tous les niveaux et par conséquent par le baccalauréat. La revue, si nous ne considérons que les trente dernières années, a publié plusieurs numéros consacrés à ces problèmes complexes : « L’évaluation »n°4-1984, « Les erreurs des élèves. Qu’en faire  » n°5-1987, « L’inspection » n°3-1998 (eh oui, les professeurs sont aussi évalués !), « Évaluation et certification en langues » n°2-2001, « Les concours » n°1-2004, « L’évaluation avec le CECRL » n°1-2012, « Quelle évaluation professionnelle pour les enseignants de langues » n°4-2012. Sur le baccalauréat, nous pouvons relever « Le nouveau baccalauréat » n°5-6-1983, « Baccalauréat : les nouveaux textes » n°1-1984, « Le nouveau baccalauréat » n°2-1985, « Le baccalauréat en Europe » n°6-1987. En 1974, les épreuves du baccalauréat de technicien G2 avaient suscité les critiques dans le n°2-1974. En 1984, l’APLV a consacré ses journées d’études (Rouen, 17-18 novembre 1984) au baccalauréat.

Cette énumération ne fait que refléter l’attention que notre association porte à la problématique de l’évaluation et tout particulièrement au baccalauréat. En effet, cet examen, à l’origine, ne concernait que peu d’élèves. Même en 1950 il n’y avait, me semble-t-il, que 3% d’une classe d’âge se présentant à l’examen. Le nombre de candidats a vite augmenté avec la création du baccalauréat technologique, puis du baccalauréat professionnel et tend maintenant vers 80%.
On comprend aisément que l’APLV consacre tant d’efforts à un aspect apparemment limité de l’enseignement des langues qui semblerait même au premier abord ne concerner que les seuls enseignants des classes terminales. En fait, cette réflexion est bien plus importante.

Voici ce qu’écrivait à ce propos F. Monnanteuil, secrétaire général de l’APLV dans un article intitulé « Pourquoi une réflexion sur le baccalauréat » en 1985 :

« Chacun connaît la double nature du premier véritable examen que passent les élèves ; c’est l’achèvement de l’enseignement secondaire et aussi le premier grade universitaire. La solennité des circonstances amène souvent parents et candidats à accorder une importance extrême aux résultats de chaque discipline. La note obtenue pour une copie anonyme, corrigée par un professeur inconnu, est perçue comme une indication précise, voire définitive, de la valeur de l’élève dans cette discipline, de ses acquis, mais aussi de ses potentialités. S’il n’est pas trop tard, le résultat est susceptible de modifier l’orientation ultérieure envisagée, ce qui entraîne des vocations tardives et des renoncements hâtifs. Il importe donc que chaque épreuve permette autant que possible une évaluation fiable des compétences du candidat.
Par ailleurs, pendant tout le second cycle, le baccalauréat apparaît comme un obstacle inévitable, la condition nécessaire, mais rarement suffisante, de la réussite scolaire. Souvent, et les enseignants de LV3 en A2 [1] ne le savent que trop, la liste des disciplines présentes à l’examen et la pondération relative de leurs coefficients déterminent davantage les choix des élèves que leur attirance spécifique pour telle ou telle section. Soucieux de réussir, et désireux de se rassurer, ils privilégient au cours des trois années les exercices qui leur semblent préparer efficacement à l’épreuve qu’ils auront à subir. Même en évitant tout bachotage stérile, la forme de l’épreuve conditionne d’une certaine manière le contenu enseigné et les méthodes utilisées dans le second cycle. »

Certes, les articles de ce numéro des Langues Modernes de 1985 consacré au nouveau baccalauréat traitaient essentiellement de l’écrit mais si j’ai choisi de faire relire ces quelques lignes qui me semblent toujours d’actualité, c’est qu’elles contiennent un élément qui paraissait évident à l’époque : « note obtenue pour une copie anonyme, corrigée par un professeur inconnu », ce qui n’est plus le cas actuellement puisque les élèves sont interrogés par leurs propres professeurs. Ceci risque d’introduire un doute sur l’objectivité de l’examen qui doit rester national. Il y a là matière à réflexion...


[1Dénomination d’alors pour la série littéraire.