Les Langues Modernes n° 3-2018 : « Grammaire ? Vous avez dit grammaire ? Représentations et pratiques enseignantes »

mercredi 28 juin 2017

Coordination :
Marie-Pascale HAMEZ, Université de Lille, EA 4354 - CIREL et Myriam PEREIRO, CRAPEL-ATILF (UMR 7118), CNRS et Université de Lorraine.

Calendrier : 
- Publication de l’appel à communications : avril 2017
- Propositions d’articles (3 000 signes maximum y compris les indications bibliographiques) aux coordonnatrices et au rédacteur en chef : 10 octobre 2017.
- Réponse des coordinatrices et du rédacteur en chef : 2 novembre 2017
- Retour des tapuscrits : 30 janvier 2018
- Comité de lecture : mars 2018
- Retour des textes finalisés : 1er juin 2018
- Publication du numéro : fin septembre 2018

Contacts : myriam.pereiro@univ-lorraine.fr ; marie-pascale.hamez@orange.fr et pasc.lenoir@wanadoo.fr

Les nouveaux programmes du collège et le nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture mettent l’accent sur les langages, et sur la nécessité pour les élèves de s’intéresser à leurs modes de fonctionnement. Par exemple, le BO spécial n°11 du 26 novembre 2015 réaffirme l’importance de la compréhension du fonctionnement d’un système linguistique, que ce soit celui de la langue de scolarisation ou d’une langue vivante étrangère ou régionale :

« Ce domaine [1] considère les langages moins dans leur usage que dans le principe de leur acquisition. Il appelle la mise en place de procédures de mémorisation, d’entrainement, d’automatisation et de réflexion sur les objets qu’il travaille [2], et au premier chef sur la langue française.
(…)
L’enseignement des langues étrangères ou régionales permet d’étendre et de diversifier ses capacités de compréhension et d’expression écrites et orales dans plusieurs langues ; de passer d’un mode de communication à un autre ; de recourir à divers moyens langagiers pour interagir et apprendre ; de réfléchir sur les fonctionnements des langues, leurs variations internes, leurs proximités et distances. [3] » [4]

Le développement de la compréhension du fonctionnement d’un système linguistique au collège peut être vu comme les premiers pas vers une “approche raisonnée” de la langue, telle qu’elle est préconisée dans les programmes du lycée (cf. BO spécial n°4 du 29 avril 2010). Les programmes nationaux se réfèrent au CECRL, lequel fait mention de la compétence grammaticale tout en se gardant bien de recommander une théorie linguistique ou une démarche d’enseignement-apprentissage de la grammaire. Ainsi, il est sans doute temps de dresser un tableau de ce qu’est ou pourrait être aujourd’hui l’enseignement-apprentissage de la grammaire en classe de langue vivante (étrangère ou régionale). Nous faisons donc appel à des témoignages, des comptes rendus d’expérience pédagogique et des travaux conduits en didactique des langues sur l’enseignement de la grammaire, principalement en milieu scolaire mais aussi dans le cadre du français langue d’insertion et dans celui de la formation des enseignants de langues.

Ce dossier des Langues Modernes s’inscrit dans la filiation des différents numéros des LM qui ont abordé cette question : 1/2013 « Enseigner la grammaire à des étudiants non spécialistes de langue » ; 2/2007 « Temps, modes et aspects » ; 3/1999 « Enseigner la grammaire » ; 2/1986 « Réfléchir sur la langue » ; 4/1983 « Les exercices en classe de langue ».

Dans son article paru dans le premier numéro des Langues Modernes de l’année 1970, où il prônait l’enseignement d’une langue étrangère à partir d’exercices structuraux pensés en fonction de ce qui pourrait aider les élèves à développer leur discours, Jean-Claude Chevalier analysait et critiquait des grammaires normatives – jugées trop partielles – et descriptives, considérées comme exhaustives et donc peu utiles. 47 ans plus tard, alors que les variétés d’une langue sont en compétition (certains élèves peuvent fort bien préférer l’anglais US plutôt que l’anglais britannique ou l’espagnol d’Amérique Latine plutôt que celui d’Espagne) et que la langue standard est de plus en plus influencée par des régionalismes ou des emprunts étrangers, la question se pose de savoir quelles représentations de la grammaire existent chez les enseignants de LVE et LVR et quelles pratiques d’enseignement et d’apprentissage du système linguistique d’une langue donnée sont régulièrement mises en œuvre.

L’article de Chevalier associait enseignement de la grammaire, théories linguistiques et didactique. Il convient aujourd’hui de s’interroger tout particulièrement sur l’incidence de la linguistique de corpus dans l’enseignement-apprentissage des langues, et en particulier sur l’impact de ce que les anglophones appellent data-driven learning, c’est-à-dire l’utilisation de corpus et de concordanciers à des fins d’apprentissage (Boulton, 2010). Une des suggestions qui découlent de la linguistique de corpus est de préférer la recherche (ou la présentation) de structures et de leurs causes à l’apprentissage de règles grammaticales (Larsen-Freeman, 2014). La linguistique de corpus a-t-elle fait son entrée au collège et au lycée ? Quels outils et quelles activités relevant du data-driven learning les enseignants proposent-ils à leurs élèves ? Des recherches ont-elles été effectuées pour évaluer leur efficacité ?
Outre l’enseignement-apprentissage de langues en milieu institutionnel, on pourra aussi s’intéresser aux spécificités de l’enseignement-apprentissage du français langue d’insertion et langue professionnelle (Adami, 2014), les besoins particuliers d’apprenants peu ou pas scolarisés empêchant le recours à une métalangue opaque pour eux et rendant crucial la définition d’objectifs directement issus du contexte professionnel dans lequel ils évoluent. Quel curriculum envisager ? Comment discuter de la langue enseignée en classe ? Avec quel métalangage ?

Les problèmes liés à l’emploi d’une métalangue ont été soulignés, toujours dans les LM, mais en 1989 cette fois. Daniel Bresson insistait sur la difficulté pour les élèves de passer d’une métalangue à une autre selon la langue apprise et l’enseignant en charge de son enseignement. Aujourd’hui, l’enseignement-apprentissage des LVE et LVR fait-il l’objet d’une harmonisation terminologique et méthodologique ? Cette harmonisation englobe-t-elle également le métalangage en vigueur en classe de français, ce qui pourrait favoriser l’apprentissage intégré de plusieurs langues ? (Gajo, 2008 ; De Oliveira Graça et Viviani, 2001)

Afin d’avoir une idée sur la manière dont s’enseigne la grammaire en milieu scolaire, les contributions seront ancrées en priorité dans le contexte du premier et du second degré. Le terrain pourra être également celui de la formation linguistique et culturelle des migrants, en français langue seconde ainsi que celui de la formation initiale des enseignants de langue vivante.

Les articles (articles de recherche et compte rendus d’expérience) s’articuleront autour de trois axes :
1. Les pratiques d’enseignement du système linguistique d’une langue donnée : principes de progressivité, traitement de la grammaire dans les manuels, présentation dans les programmes, métalangage grammatical, articulation entre les activités de production et la grammaire, articulation avec l’enseignement de la grammaire dans les autres langues dans le cadre de la didactique du plurilinguisme…
2. Les représentations de l’enseignement de la grammaire chez les enseignants de langues vivantes étrangères et les enseignants de langues régionales, chez les enseignants débutants ou en formation initiale ; chez des enseignants plus expérimentés…
3. Les propositions pour une approche rénovée de la grammaire. Par exemple, l’apport de la linguistique de corpus à l’enseignement de la grammaire d’une langue vivante étrangère. Cela peut être les outils mis à la disposition des apprenants (corpus et concordanciers), les activités rendues possibles par ces outils ou, éventuellement, un point de vue particulier sur le fonctionnement d’un système linguistique...

Références :
Adami, H. Emploi et insertion professionnelle des migrants : quelles formations linguistiques ?
Compte rendu de la Conf’At du 8 juillet 2014. Accessible à : http://www.ressources-territoires.com/documents/Confat/confat11.pdf
Boulton, A. « Recherche et pratiques pédagogiques en langues de spécialité ». Cahiers de l’Apliut Vol. XXIX N° 1 | 2010 : Le dictionnaire dans tous ses états.
Bresson, D. « Langue, linguistique et grammaire. Mauvaises querelles et vrais problèmes ». In Théories Linguistiques et pratiques grammaticales, Les Langues Modernes n°3-4 - 1989
Chevalier, J-C. « Grammaire, linguistique et enseignement des langues ». Les Langues Modernes, n°1, 1970.
De Oliveira Graça, R.M. ; Viviani, Z.A.« Didactique intégrée des langues et traitement de la grammaire », Ela. Études de linguistique appliquée 2001/1 (n°121), p. 79-87.
Gajo, L. (2008). « L’intercompréhension entre didactique intégrée et enseignement bilingue ». In Conti, V. & Grin, F. (dir.), S’entendre entre langues voisines : vers l’intercompréhension (pp. 131-150). Genève : Georg.
Larsen-Freeman, D. Teaching grammar in Teaching English as a second or foreign language 4th edition (Celce Murcia, Brinton & Snow eds.) 2014.p 256-270.

Consignes aux auteurs d’articles pour Les Langues Modernes

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[1Le domaine 1 du socle commun de connaissances, de compétences et de culture cf. l’encart du Bulletin officiel n° 17 du 23 avril 2015.

[2Mis en caractères gras par les auteurs de l’appel.

[3Idem.


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