L’APLV a pu intervenir en tant qu’association de professeurs spécialistes lors de la consultation ouverte par le ministère concernant les projets de réforme des programmes dans 8 langues pour les quatre années de collège et les trois de lycée.
Vous trouverez ci-dessous les réponses de l’association aux questions ouvertes proposées. Ces réponses s’appliquent aux huit langues concernées (allemand, anglais, arabe, chinois, espagnol, italien, portugais, russe) à l’exception des remarques concernant la phonologie (point 5 de la deuxième question) qui n’ont été notées que lorsqu’elles étaient pertinentes pour la langue en question.
Question 1 : Quels vous paraissent être les points forts du projet de programme ?
Le maintien des entrées culturelles
L’ancrage contemporain et historique
Un souci de balisage pour l’apprentissage de la langue
Affichage du maintien de la perspective actionnelle dans le préambule commun
La volonté de développer l’esprit critique
L’affirmation renouvelée de la prise en compte des liens indissolubles langue-culture, par opposition, dans le cas de l’anglais, avec une forme de lingua franca
Questions 2 : Quels vous paraissent être les points faibles du projet de programme ?
1. La prise en compte de l’enfant et de l’adolescent n’est pas centrale : l’objectif d’épanouissement individuel n’apparaît pas dans les priorités.
2. L’hétérogénéité des classes n’est pas prise en compte et la nécessité de tenir compte des profils différents d’élèves et de classes selon les contextes n’est pas évoquée.
3. S’il s’agit bien de 5 à 6 axes de repères culturels selon le niveau d’enseignement et de 3 objets d’études obligatoires par axe, on doit envisager au lycée la situation suivante : 2h heures de cours hebdomadaires X 30 semaines environ de cours effectifs = 60h pour 18 objets d’étude. Si un objet d’étude = une séquence, il est impossible de traiter de manière problématisée lesdits objets d’étude.
4. Il est tout aussi impossible de concilier entraînement et évaluation. Faute de temps, les élèves seront évalués en permanence, au détriment du nécessaire entraînement, ce qui est source de tension et de précipitation qui ne laisse pas le temps au temps de l’apprentissage.
(5. La planification de l’apprentissage phonologique reste peu convaincante : certes le lexique lié aux objets d’étude peut donner des indications au plan segmental, mais les règles suprasegmentales sont à mettre en œuvre dans leur ensemble dès le début de l’apprentissage.)
6. Mêler les stratégies de réception écoute/lecture est source de confusion pour les enseignants qui maîtriseraient mal le développement des stratégies chez leurs élèves.
7. Développer l’esprit critique en évitant le « prêt à penser » que peuvent engendrer certains objets d’étude est un point de vigilance, de même que la conciliation de l’éducation à la française (développement de l’esprit critique, qui demande un espace de liberté, et le balisage serré du parcours d’enseignement inspiré de longs catalogues d’indicateurs comme on peut en trouver dans certains des documents de pays de langue anglaise ou encore de l’Europe).
Question 3 : Quelles ressources et/ou formations vous paraissent nécessaires (indiquer les points de programme) ?
Formation :
Obligatoire, en fonction des besoins identifiés à l’échelle de l’établissement / du bassin, par exemple lors de l’évaluation des établissements, pour toutes les langues, par des équipes de formateurs des langues concernées afin de développer des compétences professionnelles plurilingues au plus près des besoins des élèves ; la formation à chaque fois que cela est possible devrait se faire en collaboration avec un laboratoire de didactique des langues.
Ressources nécessaires : Exemples de :
planifications annuelles pour différents niveaux d’enseignement et différents profils de classe qui tiennent compte des besoins spécifiques et diversifiés de jeunes apprenants, selon les âges et les personnalités
stratégies visant à développer la confiance en soi des élèves, ainsi que les compétences psychosociales.
conciliation enseignement de la culture et de la langue dans le cadre des axes et objets d’études définis, comme des repères linguistiques indiqués
exemples d’entraînement et d’évaluation des activités langagières dans une même séquence d’apprentissage, dans une perspective différenciée.
repères de progressivité dans le développement de l’esprit critique selon les âges et les niveaux visés.
développement de la créativité et de l’interdisciplinarité dans la réalisation de projets liés à des objets d’études du programme
Création de bibliographies thématiques.
Question 4 : Quelles remarques, suggestions ou pistes d’amélioration souhaiteriez-vous formuler ?
Laisser la liberté aux enseignants de déterminer le nombre d’objets d’étude, en fixant une fourchette réaliste le cas échéant.
Laisser la liberté aux enseignants de s’autoriser à expérimenter - liberté pédagogique à maintenir.
Modifier l’ordre des priorités des objectifs en réintroduisant l’épanouissement personnel des élèves et de leur diversité.
Concilier plutôt que mettre en concurrence l’approche actionnelle et l’apprentissage méthodique de la langue, notamment en mettant en place une formation continuée et continue obligatoire solide pour les professeurs, de manière aussi à ce que, par exemple, l’entraînement aux stratégies liées aux activités langagières soit conçu sous l’angle d’une approche plurilingue.
Dans les stratégies de réception et d’expression : indiquer celles qui sont communes aux formes écrites et orales et celles qui sont spécifiques à l’une ou l’autre des formes.