Au nom de l’APLV, je souhaite à tous nos lecteurs une excellente rentrée scolaire et universitaire. Comme maintenant trop souvent en France, cette rentrée est rendue difficile par les problèmes de contraintes budgétaires et de pénurie d’enseignants, de suppressions d’options et d’enseignements, par la persistance de situations scandaleuses d’effectifs excessifs et d’horaires insuffisants, et par une nouvelle vague d’instabilité politique. Tout cela a un effet déplorable sur le moral des enseignants, de moins en moins confiants en eux et dans le système, et, pour certains, de plus en plus tentés par la démission et la reconversion.
Il incombe à l’APLV de faire écho au malaise de la profession, et elle le fait par ses prises de position, ses rencontres au ministère, son travail collégial au sein de la Conférence des Associations de Professeurs Spécialistes, ses contacts avec des journalistes. Dans les derniers mois, l’association a été reçue au ministère sur les programmes de langues vivantes, comme je le rappelais dans ma note précédente, elle a répondu à la consultation ministérielle sur la révision du socle commun, elle a eu des contacts avec des syndicats sur les cumuls de mission au baccalauréat, avec des journalistes sur la disparition progressive des LVC, l’intelligence artificielle ou les manuels numériques.
Mais l’APLV est aussi une instance d’information et d’ouverture. Notre revue propose des articles de qualité sur les axes de réflexion les plus productifs de la recherche contemporaine. L’APLV organise aussi des journées d’étude annuelles sur les préoccupations actuelles des professeurs de langue (en 2024 les formations professionnalisantes, le 6 décembre prochain l’évaluation). Et, depuis 4 ans, elle organise régulièrement des visioconférences sur les sujets les plus divers, les « clics de l’APLV ».
Preuve du dynamisme de notre association, les clics sont nés en 2021 à la suggestion d’une adhérente. L’idée a paru bonne et le Conseil d’Administration a décidé de la promouvoir. Je venais de lire l’excellent livre de Laure Minassian, L’enseignement professionnel entre promotion et relégation [1] et il nous a paru tout naturel de demander à l’autrice d’être notre première intervenante, le 29 avril 2021.
Depuis, une cinquantaine d’intervenants nous ont fait partager leur passion et leur compétence. La majorité d’entre eux sont des enseignants-chercheurs, mais nous avons aussi eu le plaisir d’écouter et de voir d’autres spécialistes ou utilisateurs passionnés des langues et des cultures, des journalistes, un député, un éditeur, un conservateur de musée, une conteuse, une écrivaine, etc. Certains sont des spécialistes reconnus, voire très connus, d’autres des passionnés qui œuvrent de manière exemplaire à la promotion d’une ou des langue(s) à l’échelle de leur quartier ou de leur établissement. Tous ont accepté de nous donner de leur temps pour nous aider à comprendre leur passion, beaucoup ont eu l’élégance et la gentillesse de nous fournir gracieusement un diaporama, un ouvrage, de nous mettre en contact avec d’autres intervenants, permettant ainsi de tisser des liens d’un clic à l’autre.
Fidèle à sa vocation de diversité, l’APLV a pu, par ces clics, faire entendre des spécialistes d’allemand, d’anglais, d’arabe, de basque, de breton, de chinois, d’espagnol, d’italien, d’occitan, de picard ou de russe. Et évidemment, de nombreux didacticiens du FLE. Certains nous ont parlé depuis les États-Unis, la Réunion, l’Allemagne, l’Autriche ou l’Espagne. Il s’agissait pour nous, entre autres objectifs, de démontrer par l’exemple que les langues et les cultures dialoguent entre elles.
Cette défense de la diversité constitue l’essence de l’APLV. La richesse et la force de notre association proviennent de sa passion à défendre et promouvoir toutes les langues, de la plus hypercentrale, pour reprendre le terme de Calvet [2], jusqu’à la plus menacée de disparition, parce que, au-delà de l’apprentissage et de l’appropriation d’un code linguistique et langagier, ce qui est en jeu dans l’enseignement/apprentissage des langues est la sensibilisation à l’altérité d’être. Et comment cette idée forte pourrait-elle être défendue mieux que par une association qui fédère des enseignants de toutes les langues présentes dans le système éducatif ? Elias Canetti écrivait très justement « Je ne pourrai jamais vivre dans une seule langue » [3], et on trouve un écho à cette belle phrase dans le propos de notre dernière intervenante de l’année 2024-2025, Danielle Constantin : « J’aime que les langues soient multiples » [4].
Tout bien considéré, les clics de l’APLV constituent, comme le dit notre administrateur Georges Bê Duc, une « véritable petite encyclopédie en ligne », avec une cinquantaine d’enregistrements, accompagnés des résumés des interventions [5]. Les enregistrements des clics, réservés aux adhérents de l’association, ont la force de la parole vivante et la richesse de la réflexion la plus authentique. Contre le pessimisme que je citais au début de cette note, les clics, comme notre revue Les Langues Modernes, sont de toniques moyens de motivation ou de remotivation des professeurs de langue. N’ayons pas peur de nous en servir.
Je voudrais terminer en remerciant tous les intervenants de nos clics, que je ne peux évidemment pas tous citer ici (je n’ai symboliquement cité que la première et la dernière intervenantes). Et tous les administrateurs et adhérents de l’APLV qui, depuis quatre ans, ont organisé et fait vivre pour le compte de l’association cette belle aventure, Françoise Du, Ulrich Hermann, Marie-Claire Lemarchand-Chauvin et Caroline Venaille.
Le premier clic de l’année 2025-2026 aura lieu le mardi 30 septembre, sur le thème « Enseigner les langues, une aventure émotionnelle ».



