Compte rendu de la réunion de l’APLV avec le Conseil Supérieur des Programmes autour de ceux de terminale

mardi 19 mars 2019

L’APLV, représentée par sa présidente, Françoise Du, et son secrétaire général, Jean-Luc Breton, a participé lundi 11 mars à une réunion de présentation des projets de programmes de spécialité en terminale. Etaient présents, outre un représentant du ministère et les pilotes des groupes de travail sur l’enseignement de spécialité au sein du Conseil Supérieur des Programmes, l’ADEAF (Association pour le Développement de l’Enseignement de l’Allemand en France), le SGEN, le SNALC et le SNES.

Les projets de programmes de terminale sont dans la continuité des programmes de tronc commun en seconde et de spécialité en première. Ils se déclinent chacun selon trois thématiques à aborder dans l’année de terminale, différentes en fonction des langues, mais toujours centrées sur les questions fondamentales du monde contemporain, comme les liens sociaux, les enseignements de l’histoire, les échanges et les voyages, les rapports de pouvoir, l’art et la liberté. Comme ceux de spécialité en première, ces programmes se fondent sur un solide substrat littéraire et culturel, dont l’acquisition sera un objectif ambitieux et complexe pour les enseignants et les élèves, même avec un horaire de six heures hebdomadaires.

Il a semblé à la délégation de l’APLV, comme aux autres représentants d’associations et de syndicats présents, que les programmes en préparation étaient intéressants, intellectuellement stimulants et motivants pour des lycéens, même s’ils restent, comme les programmes de première, très ambitieux. Nous avons réitéré notre crainte, déjà plusieurs fois exprimée, que cette ambition, en principe louable, n’amène à un développement du bachotage. Nous avons demandé, une fois de plus, qu’on aide les professeurs par des suggestions de problématiques plutôt que des listes d’objets d’étude. En réponse, nos interlocuteurs ont brandi, une fois de plus, l’argument de la liberté pédagogique des enseignants, qui ne nous paraît pas recevable dans la mesure où, qu’on présente aux professeurs des listes de thèmes ou des choix de problématiques, on leur propose de toute manière des pistes d’exploitation, qui peuvent être perçues par certains comme une limitation de leur liberté pédagogique.

Cette réunion a permis aux associations et syndicats présents de soulever un certain nombre d’autres questions que pose la réforme du lycée et du baccalauréat.

L’architecture de la réforme contraint les lycéens intéressés par les langues à n’en étudier qu’une seule en spécialité. Ce choix malheureux a pour effet, si l’on en juge par les remontées de différents établissements et académies, d’assurer à l’anglais une situation massivement dominante. D’autre part, nous continuons à craindre que le passage de trois spécialités en 1re à deux en terminale n’ait pour effet de susciter le choix par les lycéens de disciplines perçues comme utiles en vue de l’orientation dans l’enseignement supérieur, au détriment des langues en général.

Pour la première fois lors d’un de nos rencontres avec des cadres du ministère, on a pu nous confirmer la décision d’ouvrir des spécialités dans 7 langues vivantes régionales. L’APLV se réjouit de ce choix volontariste, qui permettra de sauver des postes menacés et de maintenir un enseignement de langues régionales dans plus d’établissements, mais a demandé que cette mesure soit étendue à toutes les langues enseignées en France, par souci d’assurer la cohérence des parcours scolaires construits autour de langues dites rares, de valoriser davantage les cultures familiales ou de l’immigration, et pour éviter la disparition définitive de certaines langues et évidemment de postes d’enseignants. Proposer une langue dite rare ou une langue régionale au sein d’un établissement va bien au-delà d’une gestion comptable : c’est un choix culturel, un choix d’ouverture aux autres et au monde, une reconnaissance de l’identité plurielle du pays et un geste politique bien perçu à l’étranger.

Exemples à l’appui, une mise en cohérence didactique des programmes de tronc commun et de spécialité avec l’approche actionnelle a été demandée. Les réponses à cette demande ont révélé d’une part que les programmes avaient été conçus plus en termes de contenus qu’en termes de pédagogie, d’autre part, qu’ils l’avaient été sans mise en commun entre le groupe de travail sur le tronc commun et les groupes de travail sur les spécialités. L’APLV rappelle que, même si les groupes de travail au sein du CSP ont été distincts, ce sont les mêmes professeurs qui vont enseigner en tronc commun et en spécialité, et qu’on ne peut leur demander de faire un grand écart méthodologique. Un rappel appuyé sur l’intérêt de mettre en œuvre une pédagogie actionnelle dans tous les enseignements de langue, et donc en spécialité, semble nécessaire et aurait l’avantage de rassurer les enseignants face à la multitude d’injonctions qu’ils vont recevoir dans les semaines et les mois à venir avant la mise en œuvre des nouveaux programmes en septembre.

Nous n’avons eu aucune information sur les futures épreuves de baccalauréat, qui, par leur effet modélisant, auront un impact important sur les enseignements. En particulier, la question du grand oral n’est toujours pas tranchée. Différentes modalités d’inclusion de la spécialité langues, littératures et cultures étrangères dans l’épreuve orale terminale ont été évoquées, aucune ne semblant satisfaire les différents rouages de l’administration de l’Education Nationale. L’APLV regrette ces hésitations et espère qu’une solution permettant aux candidats de soutenir un travail personnel en partie ou en totalité en langue étrangère sera retenue pour cette épreuve importante du futur baccalauréat et annoncée rapidement au grand public et aux enseignants.