Réaction de l’APLV à la diminution du nombre de postes mis aux concours de recrutement pour les langues vivantes

samedi 7 décembre 2019

Le ministère de l’Education Nationale vient de publier sur sa lettre d’information, « la lettre éducation.gouv.fr », la répartition par disciplines des postes ouverts aux concours de recrutement pour 2020 (https://www.devenirenseignant.gouv.fr/cid107586/postes-concours-enseignants-de-la-session-2020.html). La baisse du nombre de postes, même si elle n’est en rien comparable à celle de l’année 2019, se poursuit et demeure, aux yeux de l’APLV, inacceptable.

A l’agrégation externe, l’allemand perd 10 postes (soit une amputation de 20%, après déjà -23% l’année dernière), l’espagnol 5 postes (-10%). Au concours interne, c’est à nouveau l’allemand qui est visé (- 10%). Le chinois (5 postes en 2019) et le russe (3 postes en 2019) disparaissent. L’italien, qui avait subi une terrible hémorragie en 2019 (-38% pour chacun des deux concours), gagne un peu, avec 8 postes à l’agrégation externe et 5 au concours interne (contre 5 et 5 en 2019). Le breton, pour la deuxième année consécutive, est absent de l’agrégation, et l’occitan perd encore un poste (0 à l’externe et 1 poste au lieu de 2 au concours interne), mais le corse (1 poste) et le créole (2 postes) réapparaissent.

Au CAPES, la diminution du nombre de postes est surtout sensible pour le catalan (1 poste au lieu de 2) et le corse (aucun poste contre 2 en 2019). La baisse se poursuit pour l’anglais (- 1% au CAPES externe, - 11% à l’interne) et surtout l’allemand (- 2% au concours externe, - 20% à l’interne). Là encore, l’italien compense l’énorme diminution de 2019, avec une augmentation du nombre de postes : 20 (+ 20 %) au concours externe, 5 (contre aucun en 2019) à l’interne.

La baisse continue et s’accentue aux concours du CAPLP, avec 50 postes en lettres-anglais (contre 130 en 2018 et 65 en 2019), 20 en lettres-espagnol (contre 50 en 2018 et 25 en 2019) au concours externe, et 15 postes au lieu de 20 en 2019 pour les deux langues au concours interne.

Le choix fait par le ministère est désastreux. Dans un contexte d’augmentation nette de la population scolaire, le système a besoin de professeurs en plus grand nombre pour maintenir l’encadrement à son niveau actuel, déjà particulièrement peu glorieux, du fait de l’augmentation massive du nombre d’élèves par classe, conséquence de la diminution des DHG des établissements (voir l’étude de l’APLV sur le recrutement de 2010 à 2019, « Il faut recruter plus, pas moins, de professeurs de langues vivantes » : https://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article7310). Les collègues de langue savent bien que leurs groupes atteignent fréquemment plus de 35 élèves en lycée, ce qui rend l’enseignement pénible et réduit la capacité des professeurs à prendre en charge les difficultés des élèves et la diversité des publics. En continuant à diminuer chaque année le nombre de postes aux concours, le ministère prend la responsabilité de rendre le système éducatif plus inégalitaire et moins efficace et de sacrifier des générations de jeunes Français, pourtant toujours plus convaincus de l’importance de l’apprentissage des langues vivantes.

De plus, en continuant à refuser l’ouverture de concours dans les langues peu enseignées, qui n’ont pas fait l’objet de recrutements depuis parfois plus de 25 ans, en organisant les concours de manière irrégulière dans les langues régionales, en chinois ou en russe, le ministère détourne les étudiants des concours d’enseignement dans ces langues. La gestion comptable et à courte vue des postes aux concours de recrutement est un choix extrêmement grave pour le système éducatif.