Communiqué de la FELCO sur l’enseignement du basque

vendredi 24 juillet 2020

La Fédération des Enseignants de langue et culture d’oc a appris avec consternation et colère que le rectorat de Bordeaux a décidé de stopper net le projet, pourtant engagé depuis un certain temps, d’un site bilingue immersif public en langue basque, au motif qu’un tel projet entrait en contradiction avec la loi dite de l’école de la confiance, qui s’appuie, en ce qui concerne la question de la langue, sur l’article 2 de la constitution.

Voir notamment : https://www.sudouest.fr/2020/07/16/pays-basque-le-rectorat-de-bordeaux-s-oppose-au-projet-d-ouverture-d-une-classe-immersive-en-langue-basque-7664196-4018.php

Cette décision subite, à une date où la plupart des personnels et parents d’élèves concernés sont en vacances, appelle de la part de la FELCO un certain nombre de remarques.

Les bienfaits de l’enseignement par immersion sont reconnus par toutes les évaluations les plus récentes. Et la FELCO a toujours soutenu l’idée d’étendre la possibilité de l’expérimenter dans le public ; on note d’ailleurs que la revendication des associations utilisant ce mode d’enseignement a longtemps été, précisément, leur intégration à l’Education Nationale.

D’ailleurs, un certain nombre de textes officiels permettaient l’ouverture dans le service public de telles classes par immersion.

Nous nous référons notamment à
– l’arrêté du ministre de l’Éducation nationale du 31 juillet 2001 (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000406645&categorieLien=id ) qui a encouragé la mise en place, par le recteur d’académie après consultation d’un conseil académique des langues régionales institué à cette occasion, d’un enseignement bilingue public dans les « zones d’influence des langues régionales ». Cet enseignement pouvait être proposé dans des écoles, les collèges et les lycées « langues régionales » ou dans des sections langues régionales implantées dans les établissements. Il avait vocation à être dispensé soit à « parité horaire », soit par la méthode dite « de l’immersion » qui se caractérise par l’utilisation principale de la langue régionale, non exclusive du français, comme langue d’enseignement et comme langue de communication au sein de l’établissement, et dans laquelle l’enseignement des disciplines dans la langue régionale représente plus de la moitié des horaires d’enseignement.
– en ce qui concerne l’occitan, à la convention cadre du 26 janvier 2017 relative au développement et à la structuration de l’offre d’enseignement contribuant à la transmission de la langue occitane 2017-2022 Académies de Bordeaux, Limoges, Montpellier, Poitiers et Toulouse (https://disciplines.ac-toulouse.fr/langues-vivantes/sites/langues-vivantes/files/fichiers/convention_cadre_occitan_signee_260117_vd_2.pdf) /
ANNEXE 1 relative à l’article 4 –
4.1.1. Enseignement bilingue français-occitan

« Enseignement immersif de l’école maternelle au CM2 : De 15 à 22 heures hebdomadaires en occitan. Niveau indicatif attendu en occitan à la fin du cycle 3 : B1 du CECRL. Le niveau attendu en langue française à la fin du cycle 3 est équivalent à celui des classes monolingues.

Cet enseignement est dispensé dans les établissements relevant du réseau associatif Calandreta conformément aux dispositions définies par convention spécifique. Il peut être expérimenté dans les établissements publics ou privés sur la base du volontariat des familles et des élèves. »

La FELCO ne peut donc se satisfaire de voir brandi comme un totem une loi dite de l’école de la confiance, dont elle ne cesse depuis sa promulgation de dénoncer les effets plus que néfastes pour l’ensemble de l’enseignement des langues de France.
Elle remarque, non sans amertume, qu’en 1992, (puisqu’à c’est à cette date, et non en 1958, que l’article 2 a été assez discrètement modifié pour faire du français « la langue de la République »), des assurances avaient été prodiguées à tous ceux qui s’inquiétaient de l’impact que cet article pouvait avoir sur la place des langues régionales, au motif que c’était essentiellement contre l’anglais que cet article avait été pensé. On voit bien, une fois de plus, quelle valeur il convenait d’accorder à ces assurances. Et la FELCO note, avec une amertume encore plus grande, que l’article 75-1, censé faire des langues de France un « patrimoine national », n’a somme toute, lui aussi, pas d’autre fonction que vaguement décorative.

La FELCO manifeste par la présente sa solidarité et son soutien avec tous les acteurs de l’enseignement public de la langue basque, si brutalement agressés, et ne manquera pas d’alerter tous ceux, associations ou élus qui partagent son engagement au service de la cause des langues de France dans l’école de la République.


FELCO