« Littératures dominicaines en mouvement » de Catherine Pelage

jeudi 30 juillet 2020
 MOGIN-MARTIN Roselyne

LITTÉRATURES DOMINICAINES EN MOUVEMENT. Les performances littéraires de Rita Indiana et Rey Andújar.
Catherine PELAGE, Presses Universitaires de Rennes, coll. Mondes Hispanophones, Rennes 2020, 200 p., 22 €

Les littératures d’Amérique Latine sont depuis longtemps à la mode en Europe en général et en France en particulier, mais le succès obtenu par les écrivains de certains pays en laisse bien d’autres dans l’ombre. C’est donc le premier mérite de cet ouvrage que de mettre en lumière un pays peu connu en Europe, hormis pour ses plages, et de montrer la richesse de sa production littéraire et artistique.

Dans un panorama foisonnant, les deux jeunes écrivains, Rita Indiana et Rey Andújar ici étudiés sont particulièrement intéressants, par leurs propositions artistiques mouvantes. En plus d’écrire, ils dansent, chantent, jouent, déclament, et ont un projet global qui dépasse la littérature, même si celle-ci est leur moyen d’expression privilégié. Cependant, cette écriture, selon les analyses de Catherine Pelage, « …devient l’espace dans lequel les mouvements du corps, la conversation, le chant, la musique, les films, les déconstructions identitaires, les décloisonnements, les dialogues artistiques et la quête renouvelée des Caraïbes se réunissent et se fondent pour donner naissance à des œuvres qui réussissent la prouesse d’interroger, depuis l’écriture, la prééminence de l’écrit. »

Comme beaucoup d’écrivains dominicains, et caribéens, Rita Indiana et Rey Andújar on fait l’expérience de l’exil aux Etats-Unis, et s’interrogent sur l’identité caribéenne, et plus particulièrement sur celle de leur île, ou plutôt de leur « demi-île » puisqu’ils la partagent avec leurs voisins haïtiens. Ils s’inscrivent en cela dans la tradition littéraire de leur patrie, tout en essayant de « dépasser les frontières et déstabiliser les identités ». C’est ainsi qu’ils parviennent à « transcender les fractures pour s’ouvrir au monde ».

Ce livre a toute la rigueur d’analyse qu’on est en droit d’attendre d’un travail universitaire, mais il est aussi écrit dans un langage clair et simple, qui en rend la lecture agréable. On ne peut donc que le recommander à tous ceux qui désirent en savoir un peu plus sur les jeunes générations de la littérature dominicaine.

Roselyne Mogin-Martin