Communiqué sur les certifications du collectif PULS de l’université Paris 1

mercredi 16 février 2022

Communiqué de PULS (Pour une Université Libre et Solidaire) : Contre l’organisation de la certification en langue anglaise validant le diplôme de la Licence (avril / juin 2022 à Paris 1)


La certification en langue anglaise pour les étudiant·es inscrit·es en Licence était à l’ordre du jour de la CFVU du mardi 15 février 2022. Suite aux nombreux remous qu’elle a provoqués dans la communauté universitaire et après 2 années d’hésitation, notre université, comme d’autres, va finalement la mettre en place pour cette année 2021/2022 se justifiant qu’elle se doit de respecter la loi : arrêté du 3 avril 2020 : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000041782410/

Depuis deux ans, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cette certification : des universités (CFVU), le Cneser, de très nombreux enseignants / linguistes, etc.

La SAES (Société des Anglicistes dans l’Enseignement Supérieur) :
https://saesfrance.org/communique-sur-la-certification-en-langues-de-15-societes-savantes-dont-la-saes-13-janvier-2021/

Le CLES (24 janvier 2019) :
https://www.ranacles.org/wp-content/uploads/lettre-ouverte-premier-ministre-cles-24.01.2019.pdf

Le Cneser (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche) rejette ce projet de loi (en novembre 2019 suite à l’annonce du MESRI) par un vote purement consultatif et très largement défavorable.

Bordeaux Montaigne : https://www.u-bordeaux-montaigne.fr/fr/actualites/vie-institutionnelle/annee-2020-2021/motion-de-l-universite-contre-la-certification-obligatoire-en-langue-anglaise.html

Sorbonne Nouvelle : http://www.univ-paris3.fr/motion-concernant-la-certification-obligatoire-en-anglais-votee-par-la-cfvu-de-la-sorbonne-nouvelle-le-30-avril-2020-631606.kjsp

Les enseignants titulaires du DDL à la quasi unanimité dans un courrier envoyé à la présidence en novembre 2019.

En effet, cette certification obligatoire en langue anglaise qui doit valider le diplôme de Licence (L3) est une totale ineptie pour plusieurs raisons :

- Elle est une atteinte au plurilinguisme au sein des universités par la seule obligation de l’anglais et, de ce fait, marque l’appauvrissement des profils étudiant·es français en terme de langues vivantes ;
- Elle va à l’encontre du plurilinguisme que prône le conseil de l’Europe. Alors que la France qui préside actuellement le conseil de l’Union Européenne avait réitéré, à l’occasion de la semaine de la Francophonie en mars 2021, son « souhait de promouvoir le plurilinguisme en amont de la présidence de l’UE », l’imposition d’une certification en langue anglaise est une véritable bévue ;
- L’arrêté du 3 avril avril 2020 indique qu’elle doit être organisée par des organismes privés externes. Ainsi, c’est bel et bien de l’argent public qui finance des organismes privés pour l’obtention d’un diplôme national public ;
- Aucun niveau n’est exigé pour l’obtention de cette certification puisqu’il s’agit d’une « passation ». Les étudiant·es ne sont pas obligés de réussir leur test d’anglais. L’arrêté du 3 avril 2020 stipulant dans son article premier que « La justification de la présentation à cette certification conditionne la délivrance du diplôme ».
- Elle marque le dessaisissement de la politique linguistique des universités au profit de sociétés privées et la standardisation des pratiques dans une seule visée certificative dans le mépris total de la richesse des dispositifs de formation émanant de la recherche.

L’Université Paris 1 a décidé de faire appel à la société Altissia pour mettre en place cette certification dès cette année 2021/2022. Les étudiant·es recevront un identifiant et un mot de passe et se connecteront au test sur la plateforme en ligne. Le résultat, bon ou mauvais, importe peu car seules leur participation et leur connexion au test vaudront pour validation de cette certification, et par conséquent, de leur licence. Chaque test sera facturé 5 euros par étudiant·e ce qui représente pour les 6500 étudiant·es de L3 un total de 32 500 euros environ (équivalent à un contrat doctoral, par exemple). Le coût doit être remboursé par le Ministère.

Alors que notre université vient de remporter le PIA4 et déploie son projet stratégique d’établissement (2021-2024), l’organisation de cette certification et de sa passation pour valider le diplôme de Licence est donc contraire :

- à l’objectif 6 de son projet d’établissement « Développer l’université Una Europa : Les défis à venir se concentrent sur l’articulation avec les diplômes nationaux, les enjeux majeurs que sont le multilinguisme et le multiculturalisme ».
- à l’objectif 23 de ce même projet « Développer une culture et une pratique du multilinguisme »
- au manifeste du projet Una Europa qui s’enorgueillit d’être « un miroir de l’humanité représentant toutes les diversités, reflets des cultures et des langues, des conventions et des ruptures ».
- à sa propre devise « Le savoir pour tous. L’excellence pour chacun ».
- et porte, in fine, une atteinte considérable à la valeur du diplôme de la Licence qui sera maintenant validé par la simple « passation » ou « connexion » à un test d’anglais dont le niveau ou la note finale importe peu.

Si le principe d’une certification pour les étudiant·es qui en font la demande n’est pas remis en cause (réussite du TOEIC, par exemple, pour des étudiant·es souhaitant étayer leur CV), imposer pour l’obtention du diplôme de la Licence une certification de langue anglaise dont le résultat importe peu (et pour toutes les raisons évoquées ci-avant) est une véritable aberration.

Si la loi doit être respectée, elle doit aussi être dénoncée. Ce n’est pas de cette manière que les étudiant·es amélioreront leur niveau en langues. Il faut, avant toute chose, que le ministère ouvre et finance des postes de titulaires de langues depuis si longtemps demandés et que notre université propose à tous les étudiant·es un TD de langues conformément aux maquettes en vigueur, ce qui est loin d’être le cas à Paris 1 (1000 étudiant·es sans TD de langues au S1).

Les élu·es et la liste PULS souhaitent, par conséquent, à nouveau condamner avec la plus grande fermeté l’organisation de cette certification qui ajoute une nouvelle pierre à la tentative de destruction du service public et de la crédibilité des universités entamée depuis 5 ans par le gouvernement en place.


PULS