Éditorial des « Langues Modernes » n° 1/2022 par Nadja Maillard De La Corte Gomez, rédactrice en chef

vendredi 8 juillet 2022

Le dossier du présent numéro, « Nouvelles formes brèves et classe de langue », est coordonné par Marie-Christine Anastassiadi et Marina Vihou, toutes les deux enseignantes chercheuses au sein de l’université nationale et capodistrienne d’Athènes. C’est le premier des quatre numéros de l’année 2022, pour la couverture desquels nous avons choisi une belle couleur magenta, symbole, paraît-il, de l’empathie et de la compassion – deux qualités nécessaires pour les temps troublés que nous vivons !

Comme vous avez pu en prendre connaissance sur le site de la revue, les prochains numéros sont d’ores et déjà planifiés, et au moment où vous lisez ces lignes, le dernier appel à contribution en date viendra probablement d’être mis en ligne : un dossier, à paraître pour juin 2023 (n° 2/2023), consacré aux arts de la scène dans l’enseignement / apprentissage des langues, et coordonné par Yamna Chadli-Abdelkader. L’auront précédé des numéros proposant les dossiers thématiques : « Confinement et langue 2/ : l’humain au cœur de la crise » ; « Littérature et multimodalité en classe de langue : quels enjeux ? quelles pratiques ? » ; « L’enseignement de l’arabe dans les établissements français : enjeux et perspectives » (coordonnés respectivement par Astrid Guillaume, Marie-Pascale Hamez et Marie-Hélène Avril), ainsi qu’un numéro de Varia, consacré à des travaux de jeunes chercheurs en didactique des langues.

Ce calendrier donne un aperçu du rythme intense de travail au sein du comité de lecture et du comité de rédaction de la revue. Travail collégial passionnant de dialogue et d’échange avec les contributeurs et contributrices, qui permet de découvrir et faire découvrir des recherches et des pratiques innovantes, de partager des questionnements relatifs à l’enseignement et à l’apprentissage des langues, de nourrir notre réflexion et d’élargir nos perspectives.

Mais aussi travail parfois plus fastidieux de relecture, de corrections, de mise en forme des articles : qu’est-ce qu’un pantone ? faut-il une espace insécable avant un point d’interrogation ? dans les normes bibliographiques MLA, une virgule sépare-t-elle nom et prénom des auteurs mentionnés ? Ces questions peuvent apparaître comme futiles, mais elles renvoient au souhait de tous – tant les auteurs et autrices que les membres du comité de lecture et du comité de rédaction qui passent au crible chaque article à plusieurs reprises avant publication – de donner à lire une revue dont le contenu soit dense et stimulant, mais qui soit aussi formellement la plus soignée possible. Je remercie d’ailleurs à cette occasion Magalie Potteeuw, maquettiste chez Nord Compo, dont le professionnalisme et les conseils avisés contribuent à la qualité finale des quatre numéros qui vous sont envoyés chaque année.

Mais, revenons-en à la thématique du présent dossier... les nouvelles formes brèves. Le souhait des coordinatrices était d’investiguer ces formes brèves, nées à l’ère d’Internet et de la téléphonie mobile, « marquées par leur dimension numérique et multimodale, ainsi que par leurs modalités de (re)diffusion, de partage et de co-construction sur les réseaux sociaux » – comme les définissait le texte de l’appel à contribution.

Les articles retenus s’intéressent ainsi aux possibles utilisations dans la classe de langues des émojis (Éric Navé), de commentaires publiés sur YouTube (Panagiotis Axampanopoulos), ou encore de mèmes (Georgia Constantinou) ; sont proposées des pistes pour une « approche dialogique » des microfictions dans la classe de langue (Elke D’hoker et alii) ainsi que le compte-rendu d’une expérience de création de jeu de piste via une application mobile (Léo Roy). Ces articles offrent l’intérêt d’explorer des nouveaux supports, de nouvelles démarches, associant brièveté, multimodalité et numérique.

Plus largement, le dossier coordonné par Marie-Christine Anastassiadi et Marina Vihou amène aussi à questionner ce qui pourrait apparaître comme un allant de soi dans la classe de langue. En effet, les formes brèves y sont partout : supports proposés, productions attendues des élèves, discours de l’enseignant... Néanmoins, le bref y est le plus souvent envisagé essentiellement comme ce qui est court, et, partant, plus clair, plus simple, plus facile d’accès (en témoigne par exemple l’emploi de « bref » et de « brièveté » dans les grilles de compétences du CECRL). Le présent dossier nous invite à dépasser cette conception « quantitative » du bref : en mettant en avant la densité, la suggestivité du bref, ses dimensions multimodales, la participation nécessaire du récepteur qu’il induit, il ouvre des pistes de réflexion très stimulantes.

Je vous souhaite une excellente lecture.