AFP - Les 10.000 inscriptions en langue arabe qui ornent les murs, plafonds et arcs du fameux palais de l’Alhambra à Grenade (sud de l’Espagne) sont pour la première fois l’objet d’un travail de déchiffrage, de relevé et de catalogage systématique.
L’équipe de scientifiques espagnols qui travaille à cette tâche, s’aidant des techniques les plus modernes pour prendre des relevés en trois dimensions de ces véritables dentelles de mots taillées dans la pierre, est parvenue au tiers de sa tâche.
L’une des surprises a été de constater que les murs de l’Alhambra contiennent beaucoup moins de versets du Coran et de poésies qu’on ne le supposait généralement, explique à l’AFP le chercheur Juan Castilla qui dirige les travaux.
« Il y avait une idée fausse et très répandue que l’Alhambra était couverte de phrases du Coran et de vers, et ce n’est pas le cas », explique ce spécialiste du monde arabe.
La poésie et les citations du Coran représentent moins de 10% des inscriptions cataloguées jusqu’à maintenant dans ce palais-forteresse où s’est installée au 13e siècle la dynastie nasride, deux siècles avant la fin de la présence arabe en Espagne.
Malgré tout, la phrase qui revient le plus, des « centaines de fois », sur les murs, est « Il n’est de vainqueur qu’Allah », explique M. Castilla dont l’équipe vient d’achever le catalogage des 3.116 inscriptions du Palais de Comares.
Ce palais où le sultan recevait les ambassadeurs et où il disposait de ses appartements, est l’un des plus importants et anciens du complexe de l’Alhambra et aussi l’un des mieux conservés.
Parmi les inscriptions les plus communes qui y ont été relevées se trouvent de simples mots comme « félicité perpétuelle », expression qui indique la volonté divine pour les occupants du palais.
« Il peut sembler incroyable qu’il n’y ait jamais eu aucun catalogage exhaustif » de ces milliers de phrases, s’étonne M. Castilla alors que ces inscriptions se logent partout, sur les arcs, chapiteaux et piliers, jusqu’à être un élément dominant et prépondérant de la décoration.
Les trois millions de touristes qui visitent tous les ans ce palais (c’est le monument le plus visité d’Espagne) se demandent aujourd’hui « ce que cela veut dire ».
C’était déjà le cas des rois catholiques espagnols qui venaient de repousser les maures et de mettre fin à Al-Andalous, avec la chute de Grenade en 1492, explique M. Castilla.
Ils ont d’ailleurs mis spécialement sur pied un « groupe de traducteurs » pour déchiffrer les murs, mais ce travail s’est rapidement perdu, selon le chercheur dont l’équipe aura bouclé à la fin de l’année le catalogage des inscriptions du Palais de lion, l’un des plus fameux du complexe de l’Alhambra, et avec lui 65% du projet total.
L’ensemble du travail, coordonné par le Conseil supérieur de recherches scientifiques espagnol (CSIC) et par la région d’Andalousie, sera achevé en 2011.