L’APLV poursuit son action

vendredi 6 novembre 2015

L’APLV poursuit depuis la rentrée sa réflexion et son action avec ses partenaires pour impulser une véritable politique nationale de diversification de l’enseignement des langues vivantes étrangères et régionales à tous les niveaux, tout en soulignant lors ses interventions institutionnelles, prises de positions publiques et publications les conséquences de nombreuses mesures à l’encontre de cette même diversification, induites par les réformes en cours concernant le collège, la transition école élémentaire-collège et l’école élémentaire ou encore la stagnation budgétaire dans les établissements d’enseignement supérieur.
Jean-Marc DELAGNEAU est intervenu les 9 et 10 octobre à Paris, successivement à l’invitation du service allemand d’échanges universitaires, le DAAD, dans le cadre de la réunion annuelle des directeurs de département d’allemand des universités françaises, puis à l’invitation de l’AGES (association des germanistes de l’enseignement supérieur) où il a présenté les positions de l’APLV par rapport à la réduction de fait de l’offre diversifiée en langues vivantes, suite aux gels de postes dans l’enseignement supérieur et aux menaces induites par les réformes en cours dans les enseignements secondaire et primaire. Il a également souligné l’absence persistante de continuum entre enseignement secondaire et enseignement supérieur dans de nombreuses filières de l’enseignement supérieur où devrait être dispensé un enseignement diversifié et souvent spécialisé de langues vivantes pour spécialistes d’autres disciplines (LANSAD). Cette situation est par ailleurs en totale contradiction avec la nécessaire acquisition de qualifications en langues vivantes pour des étudiants, futurs enseignants de disciplines non linguistiques devant intervenir en utilisant ces mêmes langues vivantes ou futurs professeurs des écoles devant les enseigner.
La Ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche a répondu courant octobre par l’intermédiaire de sa chef de cabinet aux courriers que lui avait adressés le Président de l’APLV, respectivement en juin et septembre derniers, à propos des disparitions programmées des cursus spécifiques créés précédemment pour les langues vivantes européennes et orientales et à propos de l’élaboration en cours de la carte des langues dans les académies. Si l’APLV est satisfaite du maintien d’un dialogue institutionnel constructif au plus haut niveau qui montre une écoute de certaines de ses propositions et remarques, ces réponses reprennent aussi une grande partie des arguments déjà développés par la Ministre pour justifier la suppression des cursus spécifiques et la mise en place des dispositifs prévus à la rentrée 2016, en annonçant les dispositions contenues dans la circulaire sur les langues vivantes publiée au B.O. dans la dernière quinzaine.
Cette circulaire sur les langues vivantes tient compte des demandes réitérées de l’APLV au niveau de la diversification linguistique qui est clairement mentionnée, avec notamment le confortement des quatre langues étrangères les plus enseignées (anglais, allemand, espagnol et italien), l’encouragement au développement des langues étrangères à plus faible diffusion (arabe, chinois, grec moderne, hébreu, japonais, langues scandinaves, néerlandais, polonais, portugais, russe et turc) et le maintien des circulaires antérieures sur le développement des langues et cultures régionales ainsi que sur les sections bilingues en langues régionales. Mais elle recèle par ailleurs de nombreux sujets d’inquiétude. Elle n’apporte pas les réponses souhaitées quant aux nécessités d’un horaire décent pour les langues vivantes étrangères et régionales et d’une formation initiale comme continue des enseignants à la hauteur des enjeux. Nous y relevons, par exemple, un retour à des pratiques qui constituent une véritable hérésie du point de vue didactique. Ainsi, pour les enseignements pratiques interdisciplinaires au collège, il sera fait appel à des enseignants d’autres disciplines que linguistiques pour assurer des cours interdisciplinaires en langues vivantes, mais sans garantie explicite de leurs compétences en langues, celle-ci reposant parfois à l’extrême sur un simple lien personnel ou familial avec les pays et régions de référence. On assiste à une instrumentalisation de fait de la langue vivante au profit d’une autre discipline, contrairement aux attentes des enseignants de langues vivantes étrangères et régionales auxquels on avait laissé croire que la présence de ces langues dans les EPI serait une compensation de leur réduction horaire disciplinaire et de la suppression des dispositifs spécifiques antérieurs.
Au niveau de l’enseignement primaire, il est proposé le recours soit à des intervenants natifs pour dispenser les enseignements de langues vivantes, alors que ceux-ci ne devraient intervenir qu’en complément des enseignants, soit à des collègues d’autres niveaux d’enseignement non formés spécifiquement pour ce public scolaire, soit à des professeurs des écoles sans véritable formation à la didactique des langues vivantes, avec la mise en place de succédanés de formation.
L’APLV poursuit donc son action pour une véritable formation initiale et continue de l’ensemble des enseignants concernés, spécialistes de langues vivantes étrangères et régionales, enseignants de disciplines non linguistiques ou professeurs de écoles.
L’APLV qui organise par ailleurs prochainement une journée d’étude sur l’enseignement des langues vivantes à l’école élémentaire en partenariat avec le SNUipp le 9 décembre à la salle du SNUipp, 12 rue Cabanis, Paris 14e, avec la présence de spécialistes didacticiens en langues à ce niveau d’enseignement, publiera aussi à cette occasion un texte détaillé de commentaires concernant cette circulaire.