La note de la présidente 2/2020, par Françoise Du

mercredi 8 juillet 2020

Quand vous lirez cette note j’espère que notre vie quotidienne sera plus sereine et que cette crise sanitaire et cette pandémie mondiale qui remettent en question nos modes de vie et le fonctionnement de toutes nos institutions sera du passé. La classe, l’école sont des institutions d’Etat, elles sont le lieu qui construit du commun, de la citoyenneté. Voilà deux mois que, le ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé que l’école se fait dans les foyers, que la « nation apprenante » est « en marche » ! »
Comment interpréter ce message en forme de slogan ? L’école à distance de la maternelle à l’université s’est imposée et personne ne s’était préparé à cette situation inédite, ni les enseignants, ni les élèves et étudiants, ni leurs parents. Des questions se posent : Comment un adolescent de 16 ans peut-il organiser son temps de travail hors du cadre scolaire ? Comment éviter de creuser les inégalités ? Combien de familles sont suffisamment équipées en matériel adéquat et en connexions Internet suffisantes pour effectuer le travail donné par les professeurs ? Organiser les apprentissages à la maison est une mission quasiment impossible. Tous les outils numériques, machines à apprendre, visio-conférences, classes CNED, autres classes virtuelles et de multiples dispositifs TICE sont utilisés. Certes ces outils sont parfois séduisants et très souvent utiles aux professeurs pour permettre enregistrements audio et vidéo et travail sur des documentaires, vidéos et autres supports.
Cela peut fonctionner avec des étudiants, mais plus difficilement avec des collégiens et lycéens en situation d’apprentissages primordiaux notamment dans le cadre de l’enseignement des langues. La classe, comme l’école, ce n’est pas le tutorat antique modernisé par les technologies nouvelles, qui ne remplacent pas le contact direct avec le professeur ou l’instituteur. Ceci est encore plus évident dans le cadre des cours de langues vivantes étrangères et régionales. Mais le rôle de l’école, n’est pas de mettre l’homme devant la machine, c’est de mettre de l’humanité dans les apprentissages. En cette période de confinement, d’isolement, ce qui nous manque, c’est la capacité de délibérer ensemble et de construire des savoirs : prévoir, échanger, ajouter la petite phrase qui fera sourire et facilitera l’apprentissage, ou utiliser « le mot » de l’élève pour rebondir sur le sujet et préciser les choses ensemble.
L’engagement des enseignants a été remarquable et n’oublions pas qu’ils ont souvent multiplié par deux leur temps de travail pour adapter les cours et les activités à la situation et souvent se former à l’usage intensif des TICE. La classe se fait à l’école, tous les confinés parents ou grands-parents reconvertis, contre leur gré en professeurs particuliers de leurs propres enfants et petits-enfants s’en rendent maintenant compte. A leur travail habituel s’ajoute celui de professeur pour aider et guider l’apprentissage quand cela est possible mais aussi celui de surveillant afin de vérifier que le travail ou l’heure de cours en télé-enseignement a été réalisé(e).
Il est souvent dit que l’école rassemble les apprenants mais c’est aussi le lieu des inégalités et l’enseignement à distance les fait ressortir, comme les statistiques en témoignent. L’école doit, elle aussi, préparer la « vie d’après » le confinement. Il faut notamment maintenant réfléchir à l’impact et aux conséquences de ces changements sur les apprentissages. La machine éducative peut-elle amortir le choc que représentera la rentrée de septembre après presque six mois d’interruption quasi-totale ? Il va sans dire que le retour en classe sera compliqué si les contraintes sanitaires persistent. Mais, de toute manière, le plus important sera de repérer et aider les élèves en grande difficulté suite à l’interruption des cours selon le rythme habituel. C’est là que toute la communauté éducative attend des moyens humains et financiers à la hauteur du problème : dédoublements des classes, aide personnalisée et autres. Pour certains il sera aussi important de mettre en place une aide psychologique car les situations de confinement ne sont pas simples à vivre pour les enfants petits et grands.
L’APLV sera présente pour traiter les problèmes liés à l’enseignement des langues et nous espérons que ce vécu inédit pour nos collègues sera suivi d’actions efficaces et innovantes en vue d’améliorer le fonctionnement du système scolaire. L’équipe de l’APLV a poursuivi ses activités pendant ce temps de confinement. Je remercie chaleureusement tous les collègues du CA et du bureau qui ont œuvré pour faire avancer nos projets de séminaire et toutes les activités sans lesquelles notre association ne serait pas aussi dynamique et déterminée à agir pour toutes les langues.
L’APLV continue notamment sa vigilance pour demander la suppression des deux textes publiés au Journal Officiel du 5 avril imposant des certifications en anglais payantes pour les étudiants issus de BTS, DUT, licences et licences professionnelles.
Bonne lecture de cette nouvelle livraison des Langues Modernes dont le sujet est le rôle des sens et des émotions pour enseigner ou apprendre une langue-culture. N’oubliez pas qu’il est encore temps de vous abonner à notre revue.