2006. 145 p.
Avant-propos de Renaud Donnedieu de Vabres,
ministre de la Culture et de la Communication
" Francophonie et plurilinguisme : c’est sous ce double signe qu’il faut placer la mise en oeuvre de la politique de la langue, dont le ministère de la culture et de la communication partage la responsabilité avec plusieurs autres départements ministériels, dans un contexte où le développement des techniques de communication à distance, les progrès du numérique et plus généralement les évolutions économiques et sociales liées à la mondialisation accroissent chaque jour la nécessité de défendre et de promouvoir la diversité culturelle.
Car la défense de la langue française, élément constitutif de l’identité nationale, est inséparable d’une ouverture aux autres langues, qui l’enrichissent et nous permettent de participer pleinement au grand mouvement d’internationalisation des échanges ; et notre engagement en faveur de la diversité des langues, en Europe et dans le monde, ne saurait se concevoir sans que nos concitoyens disposent de repères linguistiques forts : un cadre législatif et réglementaire qui leur garantit l’exercice d’un « droit au français » ; des mesures visant à mettre la langue française au service de la cohésion sociale, afin notamment de favoriser l’intégration et l’accès à la culture française des populations immigrées ou en situation d’exclusion ; un dispositif terminologique volontariste pour maintenir la capacité de notre langue à rendre compte des réalités contemporaines, notamment dans les domaines économique, scientifique et technique.
Sans doute la langue française est-elle d’abord l’affaire du citoyen, seul maître de son évolution et de son usage : dans ce domaine, une partie de l’action gouvernementale vise d’ailleurs à démocratiser le souci de la langue, qui ne doit pas être l’apanage des seules institutions qui en ont la charge. Ces repères, c’est à l’État, cependant, qu’il revient de les proposer, par des initiatives dont le rapport présenté cette année à la représentation nationale porte témoignage.
C’est ainsi, par exemple, qu’un fonds d’aide à l’interprétation dans les grands colloques scientifiques qui se tiennent sur notre territoire a été mis en place ; que le diplôme initial de langue française, destiné aux migrants ayant vocation à s’installer durablement sur notre territoire, fait désormais partie du contrat d’accueil et d’intégration ; que la procédure d’urgence mise en place pour accélérer les travaux des Commissions de terminologie commence à produire ses fruits... Autant de mesures propres à renforcer le sentiment de confiance que nos concitoyens doivent éprouver à l’égard de leur langue, comme outil de communication, certes, mais aussi comme « marqueur » d’identité, et le cas échéant, comme matériau de création ou vecteur d’une pensée originale.
D’autant que l’année 2006, marquée par l’organisation d’un grand festival des cultures francophones en France et par le Sommet des chefs d’État et de Gouvernement de la Francophonie, aura permis de renforcer les solidarités entre les peuples ayant le français en partage, et de réaffirmer que la France n’est pas seule dans son combat pour préserver son identité linguistique, sur son territoire comme dans les organisations internationales, où une vigilance accrue s’impose, notamment au sein des institutions de l’Union européenne.
C’est à ce prix, en permettant à nos concitoyens d’être bien dans leur langue, que nous les persuaderons de s’ouvrir plus largement encore aux langues des « autres », et de contribuer ainsi au nécessaire dialogue que notre pays entretient avec la diversité du monde."
Renaud Donnedieu de Vabres
ministre de la culture et de la communication
Rapport Téléchargeable en pdf, sur le site de la DGLFLF. (145 p.)