Réaction à la décision du ministère de l’Enseignement Supérieur de transférer les certifications en anglais aux universités et IUT

mardi 11 mai 2021

Le MESRI (ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation) vient d’informer les présidents d’université et directeurs d’IUT (voir pièce jointe) de la dénonciation du contrat que l’Etat a passé avec l’entreprise PeopleCert pour certifier le niveau en langue anglaise des étudiants.

L’APLV, comme de très nombreuses associations de linguistes et syndicats d’enseignants, a dénoncé dans un premier temps la décision du gouvernement d’imposer de telles certifications, puis la passation du marché avec PeopleCert, une entreprise peu connue et à l’éthique douteuse, d’après les enquêtes de différents journaux.

Le courrier du MESRI utilise le prétexte de la crise sanitaire pour dénoncer ce contrat, non pas en 2021, où cette crise a désorganisé substantiellement les enseignements, mais pour les années à venir, où on peut espérer un retour à la normale à l’école et à l’université.

Pourtant, contre toute logique, le courrier du MESRI maintient l’obligation de la certification en anglais pour les étudiants de DUT et de L3. Mais cette certification sera organisée, dans le cadre de l’autonomie, à l’échelon de chaque université ou IUT, par un organisme certificateur externe.

Rien n’est dit sur le financement de cette certification. Faut-il lire entre les lignes que l’Etat se désengage, ce qui signifierait évidemment que les universités et IUT devraient se substituer à lui ?

La logique à l’œuvre est inquiétante : dans un premier temps, le gouvernement impose des certifications inutiles, onéreuses et contreproductives (lire l’argumentaire de l’APLV en pièce jointe), ensuite il exige des universités et des enseignants non seulement qu’ils transforment leur pédagogie pour préparer leurs étudiants à ces certifications, qu’ils sacrifient d’autres programmes et innovations pour les financer, mais aussi qu’ils fassent jouer la concurrence entre organismes certificateurs, au risque de créer des comparaisons entre certifications et par conséquent entre étudiants.

Enfin, qu’en sera-t-il des BTS, eux aussi soumis à l’obligation de certification ? Les lycées qui hébergent les STS n’ayant pas d’autonomie financière, demandera-t-on aux rectorats de lancer des appels d’offre ? Sur quels budgets ?

L’APLV déplore ce nouveau rebondissement dans le dossier des certifications, qui manifeste une fois de plus l’incapacité du gouvernement à entendre les enseignants, leurs syndicats et leurs associations, ainsi que les choix ultralibéraux inacceptables qu’il mène, au détriment de la qualité des enseignements.


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