10 questions aux candidats à l’élection présidentielle

samedi 5 mars 2022

Association des Professeurs de Langues Vivantes
Siège : 19, rue la Glacière, 75013 Paris
Courriel : aplv.lm@gmail.com
Site : http://www.aplv-languesmodernes.org/

Madame, Monsieur,

Vous êtes candidat à l’élection présidentielle et, si les Français vous font confiance, vous serez dans quelques semaines appelé(e) à prendre des décisions dans le domaine de l’enseignement des langues vivantes.

L’APLV, Association des Professeurs de Langues Vivantes, qui fédère des enseignants de toutes les langues vivantes étrangères et régionales de l’enseignement public, constate que la situation de l’enseignement des langues est peu satisfaisante, voire inquiétante, et attend du prochain ou de la prochaine président(e) de la République et de son équipe des décisions de nature à donner à cet enseignement la place qu’il devrait avoir dans un pays moderne, désireux de jouer un rôle européen et international à la hauteur de son importance historique, culturelle et économique.

Nous nous adressons à vous pour vous demander ce que vous ferez en faveur de l’enseignement des langues vivantes étrangères et régionales lorsque vous serez élu(e). Nous vous serions reconnaissant de bien vouloir prendre le temps de répondre à nos dix questions les plus urgentes, que vous trouverez ci-dessous. Vos réponses seront publiées sur le site de l’APLV.

Nous vous remercions de votre intérêt pour les questions qui nous préoccupent et vous prions de croire à l’expression de notre considération respectueuse.

Pour le bureau de l’APLV, la présidente de l’association, Françoise Du

Les langues vivantes étrangères et régionales à l’école élémentaire :
La formation des futurs professeurs des écoles est très insuffisante, aussi bien en heures de pratique des langues qu’en heures de cours consacrées à la didactique des premiers apprentissages en langues-cultures. La place des langues dans les concours de recrutement, et par voie de conséquence dans les maquettes de master MEEF, est totalement marginale et absolument pas de nature à encourager les professeurs des écoles à assurer un enseignement de langue dans leurs classes.

1. Vous engagez-vous à assurer aux futurs professeurs des écoles une véritable formation dans les langues vivantes étrangères et régionales, initiale dans tous les Inspé et continue en fonction de leurs besoins ?

Les effectifs et les horaires au collège, au lycée et au lycée professionnel :
L’enquête que l’APLV a menée auprès de la profession en 2019 (https://aplv-languesmodernes.org/spip.php?article7993) a montré à quel point la conjonction de la faiblesse de l’horaire hebdomadaire et de l’augmentation des effectifs est contreproductive. La situation dans les baccalauréats technologiques et professionnels est caricaturalement inadéquate.

2. Vous engagez-vous à ce que tous les élèves de collège, de lycée et de lycée professionnel reçoivent un enseignement de 3 heures hebdomadaires dans deux langues vivantes dans des groupes n’excédant pas 25 élèves ?

La réforme du lycée de 2019 : 1. les programmes
Le sentiment général des professeurs de langues est que les programmes, en tronc commun comme en spécialité, sont trop complexes. D’autre part, les programmes de spécialité limitent la culture à la littérature et aux beaux-arts, faisant l’impasse sur l’économie, la sociologie, les sciences, la réalité politique des nations dont la langue/une des langues est étudiée. En anglais, la réforme crée une compétition inutile et sans fondement entre deux spécialités.

3. Vous engagez-vous à proposer une refonte des programmes de langues vivantes étrangères et régionales au lycée ?

La réforme du lycée de 2019 : 2. le grand oral
Pour les candidats linguistes, le grand oral relève parfois de la farce, puisqu’ils ne sont pas assurés qu’il y aura dans leur jury un professeur qui comprenne la langue qu’ils souhaitent utiliser en partie dans leur présentation.

4. Vous engagez-vous à ce que les jurys de grand oral soient organisés de manière à permettre aux élèves de proposer des supports en langue étrangère ou régionale et à s’exprimer dans la langue qu’ils ont étudiée devant un jury apte à la comprendre ?

La réforme du lycée de 2019 : 3. les langues peu enseignées et les langues régionales :
La réforme a rendu marginal le coefficient des LVC, choisies en option, et interdit le choix de langues familiales ou patrimoniales si elles ne font pas l’objet d’un enseignement dans le lycée de rattachement du candidat. Les effectifs dans les cours de ces langues sont en chute.

5. Vous engagez-vous à revaloriser le poids des LVC au baccalauréat ?

6. Vous engagez-vous à permettre à nouveau aux lycéens issus de l’immigration ou dotés d’un patrimoine linguistique propre de valoriser leurs compétences en option au baccalauréat ?

Les certifications en anglais dans l’enseignement supérieur :
L’exigence d’une certification en anglais faite à tous les étudiants de BTS, IUT et licence est un affichage à destination de l’opinion publique totalement contreproductif, extrêmement chronophage et onéreux, rejeté par les sociétés savantes et les syndicats (https://aplv-languesmodernes.org/spip.php?article8499).

7. Vous engagez-vous à abolir cette exigence de certification ?

Les recrutements :
Dans l’enseignement secondaire, comme dans l’enseignement supérieur, le pays fait face à un déficit énorme d’enseignants. Dans les langues peu enseignées et les langues régionales, les recrutements sont très insuffisants, voire inexistants, et cette situation rend aléatoire la survie de ces langues dans l’Education Nationale. Dans l’enseignement supérieur, de nombreux cours ne peuvent être assurés faute d’enseignants.

8. Vous engagez-vous à augmenter de façon régulière et significative le nombre de postes de langues vivantes étrangères et régionales aux concours de recrutement (CAPES et agrégations) de l’Education Nationale ?

9. Vous engagez-vous à procéder à un recrutement régulier et significatif de professeurs dans les langues étrangères et régionales proposées en LVC ou en option ?

10. Vous engagez-vous à doter les universités des moyens suffisants pour qu’elles puissent créer des postes d’enseignants titulaires en langues vivantes étrangères et régionales, afin qu’un enseignement digne de ce nom puisse être délivré à tous les étudiants ?