Compte rendu de l’assemblée générale des sociétes savantes et des associations de professeurs spécialistes contre la réforme du CAPES

dimanche 26 mai 2024

Une Assemblée Générale a réuni en Sorbonne à Paris le samedi 25 mai une cinquantaine de sociétés savantes, associations de professeurs spécialistes, présidents de commissions du CNU, présidents de jurys de concours, ainsi que des représentants de syndicats (SNES, SUD-Education) et des journalistes (France-Culture, Le Monde). L’APLV était représentée par un de ses vice-présidents, Jean-Luc Breton.

La mobilisation d’un aussi grand nombre d’acteurs de la formation et de l’enseignement ainsi que la virulence des propos ont témoigné du rejet massif des projets gouvernementaux de modification du concours du CAPES. Les réformes des concours se succèdent à un rythme inacceptable, sans même qu’il soit possible d’évaluer la précédente. Le déplacement du CAPES de M1 en M2, puis de M2 en L3, constitue une rupture d’égalité entre les étudiants et déstabilise les instances chargées de mettre en place et en œuvre la préparation au concours.

Le motif avancé par le gouvernement pour le placement du CAPES en cours d’année de L3 est que cette mesure permettra d’attirer vers l’enseignement des étudiants qui aujourd’hui n’ont pas les moyens de financer cinq années d’études universitaires ou échouent au concours parce que l’obligation d’exercer un emploi à temps partiel pour survivre les empêche d’en préparer efficacement les épreuves. Les avis des participants à l’AG diffèrent sur ce point. Certains pensent que la pénurie de candidats du fait de contraintes financières impose de placer le CAPES en L3, d’autres défendent l’idée que les étudiants de licence ne pourront pas atteindre un niveau disciplinaire suffisant pour réussir les concours après deux années universitaires et un semestre. Ce problème sera exacerbé pour les candidats aux CAPES de langues vivantes, qui, pour la plupart, n’auront pas le temps ou l’occasion d’effectuer un séjour en tant qu’assistant ou qu’étudiant Erasmus à l’étranger.

Pour certains des enseignants présents, la crise du recrutement tient à la faiblesse de la rémunération, surtout en début de carrière. Pour d’autres, essayer d’attirer les étudiants vers les concours avec des arguments financiers n’est pas suffisant et l’on risque de voir se poursuivre la tendance actuelle à la démission lors des premières années d’enseignement.

L’Assemblée Générale tombe d’accord sur un grand nombre de points. En premier lieu, il est inacceptable que le gouvernement impose cette réforme sans consultation et sans concertation, aussi bien au niveau des sociétés savantes de l’enseignement supérieur qu’à celui des instances de gouvernance des universités. Ensuite, il est inenvisageable, d’ici à la rentrée universitaire, d’avoir refait, dans chaque université, les maquettes des formations sans connaître la nature exacte des épreuves du nouveau concours. A l’heure actuelle, les épreuves des concours portent principalement sur la didactique des disciplines, comment réorganiser les services pour mettre en place des enseignements qui seraient en licence majoritairement disciplinaires, la didactique intervenant surtout dans les deux années de master ?

Par ailleurs, le système actuel garantit aux universités un bon nombre d’étudiants en master recherche, vivier qui risque de fondre avec la réforme. Cela mettrait en péril à la fois la recherche en didactique des disciplines et la capacité des futurs enseignants à se former tout au long de leur carrière. L’absence d’une attitude réflexive en lien avec la recherche risque de faire baisser la qualité de l’enseignement dispensé au collège et au lycée par les lauréats du CAPES. S’ajoute à cela le problème des évolutions de carrière, puisque la réforme introduira une rupture entre le CAPES et l’agrégation. Les participants à l’AG craignent une prolétarisation des enseignants issus du CAPES, qu’ils mettent en parallèle avec la primarisation du collège à l’œuvre aujourd’hui. La recréation d’Ecoles Normales entraînera aussi sans doute la fermeture d’antennes universitaires dans des villes moyennes ou isolées.

La SIES (Société des Italianistes de l’Enseignement Supérieur) s’est proposée pour rédiger dans un bref délai un texte de synthèse à destination du grand public et des collègues. Les journalistes présentes se sont engagées à en faire état ou à le publier.