L’APLV republie : « L’acquisition de compétences langagières », Les Langues Modernes 3/1999

samedi 30 mars 2013

Il est des numéros des Langues Modernes dont l’APLV peut être fière, le n° 3-1999 en est un bon exemple. Grâce au site nous pouvons republier aujourd’hui trois articles de ce numéro qui avait pour titre « L’acquisition de compétences langagières ». Beaucoup des analyses exprimées alors ont gardé toute leur actualité, et ceux de nos lecteurs qui désirent réfléchir à la question complexe de l’acquisition de compétences en langues trouveront sans nul doute dans ces textes matière à réflexion.

L’article de Danielle Bally est à replacer dans une période où les interrogations méthodologiques étaient fortes : les limites de l’approche communicatives étaient désormais bien connues, mais faute d’une nouvelle configuration didactique susceptible de la remplacer (la perspective actionnelle n’était pas encore d’actualité), on assistait à de nombreuses manifestations d’éclectisme méthodologique. Dans ce contexte, Danielle Ballly cherche à revenir sur un certain nombre de fondamentaux en didactique, et propose de réfléchir à l’objet d’enseignement, à l’apprenant et ses processus d’apprentissage, et aux rôles de l’enseignant. Danielle Bally montre que la question de la transposition didactique se pose de manière tout à fait particulière dans le domaine de l’enseignement-apprentissage des langues hors du modèle de l’immersion. Et en ce qui concerne la formation initiale et continuée des enseignants, on notera l’actualité des propositions de l’auteure : elle y souligne notamment l’importance cruciale des apports de la recherche.

Les conditions de réussite dans l’appropriation de la langue étrangère en classe, par Danielle Bailly
Paru dans le n° 3/1999 des Langues Modernes.

L’article de Christian Puren a un écho tout particulier en moi : Christian a été mon directeur de thèse, et son modèle d’épistémologie disciplinaire m’a été extrêmement utile. Aujourd’hui enseignant-chercheur, chargé de cours de didactique des langues et de didactique de l’espagnol, je continue de me référer à ce modèle. Cet article est à mes yeux tout à fait fondamental : il met très précisément en évidence le bornage disciplinaire de la didactique des langues, ses frontières par rapport aux autres disciplines des sciences humaines ; Christian Puren distingue six champs qui sont concernés par l’analyse didactique : objectifs et évaluation, situations et pratiques, modèles et matériels, la méthodologie étant au cœur de ce réseau. L’articulation entre le niveau méthodologique (comment enseigner), le niveau didactique (quoi enseigner), et le niveau didactologique (pourquoi enseigner) montre de manière très convaincante la maturité à laquelle est désormais arrivée la didactique des langues en tant que discipline universitaire. Cet article doit figurer dans toute bonne bibliographie d’un étudiant en sciences du langage ou en didactique.

La didactique des langues-cultures étrangères entre méthodologie et didactologie, par Christian Puren
Paru dans le n° 3/1999 des Langues Modernes.

L’article de Claude Springer est également une référence à conseiller à toute personne désirant se former sur la question des compétences en langues. Publié avant le CECRL, ce texte cherche à définir en termes clairs ce qu’est un niveau de compétence en langues. Depuis la publication du Cadre, les très nombreux descripteurs de compétences ont eu de quoi laisser perplexes de nombreux enseignants et étudiants : l’article de Claude Springer présente le grand avantage de se fonder, non sur une myriade de descripteurs (les fameux « je suis capable de … »), mais sur des concepts, notamment celui d’intention communicative : il distingue 3 niveaux, intention descriptive pour un niveau débutant, explicative pour un Niveau-Seuil, argumentative pour un niveau « Seuil-plus », autrement dit les niveaux A2, B1 et B1-1 voire B2. Par ailleurs, alors que le Cadre ne fournit aucune aide sur la façon de valider un niveau de compétence (comment savoir qu’il est acquis ou non ?), Claude Springer propose le double critère de « Neutralisation – extension » qui peut encore aujourd’hui fournir des pistes tout à fait concrètes pour construire des évaluations en langues à partir du CECRL.

Que signifie aujourd’hui devenir compétent en langues à l’école ?, par Claude Springer
Paru dans le n° 3/1999 des Langues Modernes.

Quels principes fondamentaux retenir pour une réflexion sur l’acquisition d’une langue-culture, quel champ de responsabilité assigner à la didactique des langues, comment fonder une évaluation critériée en langues, il y avait là des questions denses. Ces trois articles méritaient assurément d’être à nouveau portés à la connaissance de nos lecteurs.

Pascal Lenoir, hispaniste, Université d’Angers