Généralisation de l’apprentissage d’une langue dès le CP, généralisation du début de l’apprentissage de la LV2 en 5e, arrêt du financement des sections européennes, disparition des classe bilangues à l’exception d’allemand-anglais.
La proposition du Recteur de l’Académie de Rennes de supprimer les classes bilangues dans son académie de façon à pouvoir assurer pour tous l’enseignement d’une deuxième langue dès la 5e ne verra pas le jour, avions-nous appris début janvier.
La Rectrice de l’Académie de Toulouse reprend le flambeau, mais en s’éloignant du souci de démocratie et d’équité qui animait son collègue rennais.
Le 16 janvier elle avait annoncé l’expérimentation à grande échelle d’un dispositif dérogatoire pour l’enseignement des langues vivantes au collège, incluant la généralisation de l’apprentissage d’une langue dès le CP et l’introduction de la langue vivante 2 dès la classe de 5e à raison de 2h/semaine. Le financement devait être assuré par le passage de 4h à 3h d’enseignement de la LV1 en 6e, la disparition de toutes les classes bilangues, et l’arrêt du financement des sections européennes.
Nos collègues de l’académie de Toulouse ont reçu aujourd’hui, lundi 3 février 2014, la circulaire rectorale que vous trouverez ci-dessous en fichier joint avec les grandes lignes suivantes :
– généralisation de l’apprentissage d’une langue dès le CP
– généralisation du début de l’apprentissage de la LV2 en 5e
– arrêt du financement des sections européennes
– disparition des classe bilangues à l’exception d’allemand-anglais.
Nous allons voir que la rectrice n’a pas peur des contradictions. Elle soutient dans son argumentaire que les mesures énoncées ci-dessus sont prises dans un souci d’équité :
« En effet, le constat qui a été établi a permis d’observer une absence d’équité entre élèves sur le territoire académique. Il apparaît, de ce point de vue, que les dispositifs bilangues et sections européennes ne bénéficient pas assez à un public socialement diversifié.
Dans ce contexte, la généralisation d’une deuxième langue vivante dès la cinquième, pour tous les collégiens, est une mesure équitable et simplifie les dispositifs actuels. »
On peut comprendre la baisse de l’horaire de la LV1 en 6e dans la mesure où cet enseignement est correctement assuré en primaire par des professeurs véritablement formés, et l’harmonisation des conditions d’ouvertures de sections européennes. Mais comment justifier le maintien des seules classes bilangues allemand-anglais et la suppression des autres, anglais-espagnol et anglais-italien ?
Par le souci d’équité invoqué par la rectrice ?
Il est à prévoir que l’ensemble des mesures :
– conduise à la disparition de l’enseignement de l’espagnol en primaire vu que la continuité école-collège n’est pas garantie, contrairement à l’un des objectifs annoncés qui est d’assurer « une continuité pédagogique inter-degrés » :
« Par conséquent, l’apprentissage de l’espagnol LV2 en 6e sera réservé aux élèves demandant d’assurer la continuité de l’apprentissage de la langue vivante apprise dans le premier degré, dans la mesure où l’établissement peut assurer cette offre. »
– fragilise les autres langues avec la suppression de leurs classes bilangues et de leurs sections européennes, entraînant à terme la disparition des classes préparant au bachibac [1] et à l’esabac [2] faute d’un vivier suffisant d’élèves. D’ailleurs il est à prévoir que les élèves qui choisissaient anglais-espagnol ou anglais-italien n’attendrons pas la 5e pour commencer l’étude de l’une de ces deux langues, mais choisiront d’étudier l’allemand dès la 6e. Cela risque de redonner à cette langue une fonction élitiste, un statut de langue à part, qui lui ont nui plus qu’ils ne l’ont servie.
Autant la proposition du recteur de l’académie de Rennes nous semblait pouvoir se justifier par un réel souci de démocratie et de promotion linguistique, autant celle de la rectrice de l’académie de Toulouse nous semble motivée par un souci d’économie, corrigé par le souci manifeste de préserver les intérêts de certains.
L’Association des Professeurs de Langues Vivantes qui soutient la pluralité linguistique ne peut soutenir une telle démarche.