Dans son discours du 23 février à l’EDHEC de Croix, le Premier Ministre a annoncé que, dans le souci de réduire le déficit du commerce extérieur du pays, le gouvernement allait financer des certifications type TOEIC ou TOEFL pour les lycéens et les étudiants se destinant à des carrières dans les secteurs susceptibles d’aider à développer les exportations.
L’APLV s’élève depuis longtemps contre la négligence coupable des gouvernements successifs quant à la formation en langues vivantes étrangères et régionales (LVER) des futurs acteurs économiques du pays. Que le gouvernement d’Edouard Philippe reconnaisse cette évidence est un élément positif.
Cependant, l’APLV ne peut pas accepter les propositions du Premier Ministre. D’abord, penser que l’anglais suffit pour commercer à l’international est une conception erronée. L’anglais est évidemment d’une importance capitale, mais la connaissance d’autres langues et d’autres cultures est un atout primordial pour qui veut négocier avec des partenaires commerciaux, échanger avec eux et comprendre leurs mentalités.
Par ailleurs, les certifications TOEIC et TOEFL sont souvent obtenues après une période de bachotage centré sur des compétences peu transférables en situation réelle d’interaction. De plus, la durée de validité de ces certifications est limitée.
Aujourd’hui, les étudiants des filières du commerce international, comme LEA, se font engager par les entreprises sans ces certifications, le niveau de leur diplôme leur servant d’attestation de compétence en langue. Il ne semble donc pas opportun de miser sur une certification de type TOEIC ou TOEFL. La proposer comme un supplément face aux diplômes universitaires risque fort de dévaloriser ceux-ci, ce qui ne peut être le but recherché par le Premier Ministre.
L’APLV s’insurge contre le fait que l’Etat va dépenser des sommes importantes pour enrichir les organismes privés qui proposent ce genre de certifications. D’ailleurs, Cambridge English a réagi très vite à l’annonce d’Edouard Philippe, se réjouissant dans un communiqué de la reconnaissance de la qualité de son offre.
Quelques jours après l’annonce de la réforme du lycée, qui prévoit un horaire de LVER très insuffisant pour un nombre encore plus grand de lycéens, l’APLV souhaite rappeler qu’elle a à plusieurs reprises demandé la création au lycée de spécialités « SES et langues » et « sciences et langues », aptes à développer chez la majorité des lycéens les compétences dont le gouvernement veut confier aujourd’hui l’évaluation à des officines privées. L’APLV ne comprend pas que, contre l’intérêt économique du pays, le gouvernement fasse le choix de l’austérité pour l’Education Nationale et du mépris du travail de ses professeurs, tout en finançant grassement des prestataires extérieurs.
Publié le 4 mars 2018
Lien vers la citation de cet article le 8 mars 2018 par le Café Pédagogique>http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2018/03/08032018Article636560900294843635.aspx.