COMPTE RENDU DE L’ENTREVUE AU MINISTERE le 30 mars 2018
En réponse à la lettre ouverte que l’APLV a envoyée au Ministre de l’Education Nationale le 18 février sur la réforme du lycée et du baccalauréat (www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article6905), Isabelle Bourhis, conseillère du Ministre, a souhaité nous rencontrer. Une délégation, composée de Françoise Du, présidente, et Jean-Luc Breton, secrétaire général, s’est rendue au ministère le vendredi 30 mars. Mathieu Monthéard, chef du bureau des enseignements généraux et technologiques à la DGESCO, participait à l’entretien.
La délégation de l’APLV a repris les deux points principaux de la lettre ouverte du 18 février : l’horaire d’enseignement de langue réduit (4.30 globalisées LV1-LV2 en 1re, 4.00 en terminale) et l’existence d’une seule spécialité linguistique (langues et littératures étrangères), excluant de fait un approfondissement de l’horaire pour les élèves pas ou peu littéraires.
Sur ces deux points, nos interlocuteurs ont été à notre écoute, mais n’ont proposé ou accepté aucune avancée.
L’horaire de langue : Les arguments habituels nous ont été objectés : l’horaire hebdomadaire de cours ne pouvant être augmenté, le ministère a fait le choix de privilégier la philosophie et l’histoire-géographie, disciplines perçues comme susceptibles de renforcer la cohésion au sein de la société française, et de façon moins explicable, les lettres classiques. Nos interlocuteurs partagent notre analyse qu’il serait utile de développer l’enseignement des langues vivantes étrangères et régionales (LVER) dans le but de préparer les lycéens à des carrières de plus en plus internationales, surtout face à la nécessité, rappelée par le Premier Ministre, d’améliorer les performances du pays à l’exportation, mais n’en font pas une priorité. L’APLV a longuement justifié son désaccord, sans être entendue.
Un moyen, quelque peu artificiel, d’augmenter l’horaire de LVER est le développement annoncé de l’enseignement de disciplines non linguistiques enseignées en langue étrangère ou régionale (DNL). Les sections internationales et les SELO sont soutenues par le ministère, et, au-delà, il faudra dans un premier temps recenser les compétences en langue non exploitées au sein des lycées, concevoir un mode de vérification de la capacité des collègues concernés à enseigner en langue étrangère ou régionale, et trouver des moyens pour obtenir d’eux qu’ils mettent en œuvre un enseignement de leur discipline en LVER. En d’autres termes, il faudra que le ministère obtienne ce que ses prédécesseurs n’ont pas obtenu après plusieurs années d’injonctions dans ce sens. L’APLV s’est engagée à étudier la question et faire un courrier au ministère pour l’informer de ses réflexions.
Les spécialités : Madame Bourhis ne partage pas tout à fait l’analyse de l’APLV. Selon elle, les lycéens qui se destinent à des études commerciales ou scientifiques, avec un enseignement de sciences de 2.00 en socle de culture commune, devraient faire le choix de parcours plus originaux que les élèves des séries ES et S actuelles, et donc, en particulier, celui des LVER.
Nos interlocuteurs ont consenti, en dernier ressort, à étudier une nouvelle dénomination pour la spécialité (« Langues et DNL » ou « Langues et cultures étrangères » sont envisageables, même si, apparemment, le terme « littératures étrangères » avait été mûrement pesé avant son utilisation dans le projet de réforme).
Une des idées qui sous-tend la réforme est que les spécialités ne sont pas rattachées à une seule discipline. Il ne s’agit donc pas de flécher une spécialité « Langues et littératures étrangères » vers les lettres et une ou deux LVER. Les chefs d’établissements et les conseils d’administration ventileront les heures de cette spécialité à leur convenance, selon les ressources et les besoins locaux.
D’autre part, nous avons pu mettre à profit l’entretien pour évoquer deux autres dossiers qui ont occupé l’APLV ces derniers mois :
Le recrutement des professeurs de langues peu enseignées : Notre courrier du 15 janvier étant resté sans réponse, nous avons soulevé à nouveau la question. Nos interlocuteurs nous ont assurés que ce dossier était suivi de très près chaque année et que des recrutements seraient effectués par concours ou par titularisation lorsque les professeurs actuellement en poste annonceront qu’ils prennent leur retraite.
A propos de ces langues peu enseignées, l’évaluation des LVER en contrôle continu au baccalauréat va de fait empêcher les candidats de présenter à l’examen des langues non enseignées dans leur établissement, qui sont souvent des langues familiales.
La certification du niveau des lycéens et étudiants : Le ministère souhaite très fortement que le niveau des lycéens et des étudiants français puisse être vérifié et reconnu dans le cadre d’une certification adossée au CECRL. Nos interlocuteurs nous ont dit ne pas pouvoir être aussi affirmatifs que le Premier Ministre qui, dans son discours de Croix du 23 février, avait avancé les noms de certaines officines privées (lire la réaction de l’APLV sur www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article6933), mais être à la recherche d’un organisme proposant des certifications.
L’APLV ne peut admettre que le gouvernement ne fasse pas confiance aux professeurs de LVER, qui font, depuis de nombreuses années, l’effort de tenir compte du CECRL dans leur enseignement et les évaluations formatives et certificatives de leurs élèves. Madame Bourhis nous a demandé de lui adresser un courrier sur cette question, qui est pour l’APLV de la plus haute importance.