Pour la troisième année consécutive, le nombre de postes ouverts aux concours de recrutement d’enseignants diminue. Le ministère de l’Education Nationale vient de publier leur répartition par concours et par disciplines (https://www.devenirenseignant.gouv.fr/cid107586/postes-concours-enseignants-de-la-session-2020.html#:~:text=À%20la%20session%202021%2C%2023,l%27enseignement%20privé%20sous%20contrat).
Cette diminution épargne cette année à peu près les agrégations. On ne peut que se réjouir de cette stabilisation, mais il ne faut pas oublier que le nombre de postes est historiquement bas, et que, à une époque où il est de plus en plus difficile de recruter des enseignants, augmenter le nombre de postes aux agrégations aurait été un très bon moyen de rendre le métier financièrement plus attrayant auprès des étudiants ou des jeunes professeurs déjà titulaires d’un CAPES.
Les CAPES perdent un nombre important de postes. Cette décision met en péril, de manière nette, le système éducatif, puisque l’augmentation de la population scolaire continue. L’école a besoin de professeurs en plus grand nombre pour maintenir l’encadrement à son niveau actuel, et diminuer la tension sur les enseignants et les enseignements, du fait de l’augmentation du nombre d’élèves par classe (voir l’étude de l’APLV sur le recrutement de 2010 à 2019, « Il faut recruter plus, pas moins, de professeurs de langues vivantes » : https://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article7310). En poursuivant sa politique de diminution du nombre de postes aux CAPES, le ministère prend la responsabilité de rendre le système éducatif plus inégalitaire et moins efficace et donc sacrifie les élèves à des principes comptables sans rapport avec les besoins du pays et au détriment des espoirs des jeunes générations. Dans le contexte de crise sanitaire, avec les perturbations et les frustrations essuyées par élèves comme professeurs, l’annonce que la précarisation de l’enseignement continue est un signal social et politique incompréhensible. De nombreux établissements ne parviennent plus à recruter contractuels ou vacataires, des enseignements sont peu et mal assurés par ces personnels peu formés et mal payés, et le ministère, uniquement pour faire des économies budgétaires, propose comme solution de recruter moins de titulaires, donc, par voie de conséquence, plus de contractuels.
Dans ce contexte général, les langues vivantes sont moins atteintes que d’autres disciplines par la diminution du nombre de postes. Les coupes sont importantes au CAPES en allemand (222 postes au lieu de 245 en 2020, soit une diminution de 9,4%) et en anglais (797 postes au lieu de 823 (- 3,2%) au CAPES externe et 143 postes au lieu de 149 (- 4%) à l’interne), un peu plus légères en espagnol (- 7 postes, soit – 2%). Les langues moins enseignées et les langues régionales continuent à subir des fluctuations d’un concours à l’autre, déstabilisantes pour les candidats, qui ne peuvent avoir de stratégie de long terme (par exemple, il n’y aura pas d’agrégation interne de russe (- 3 postes) mais le concours externe est à nouveau ouvert, avec 4 postes). Enfin, malgré les demandes réitérées de l’APLV, certaines langues, absentes des concours depuis des années, comme le néerlandais, le polonais ou le turc, ne verront pas leur vivier alimenté cette année, une fois de plus.