Compte rendu de l’audience de l’APLV avec la DGESCO le 20 juillet

vendredi 23 juillet 2021

Suite au courrier que l’APLV a adressé au ministre de l’Education Nationale le 13 juillet (https://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article8745), Françoise Du, présidente de l’association, et Jean-Luc Breton, secrétaire général, ont été reçus mardi 20 par Rachel Pradeilles-Duval, cheffe du service de l’instruction publique et de l’action pédagogique à la DGESCO, et Nathalie Hervé, du bureau des collèges et lycées.

Madame Pradeilles-Duval a expliqué les évolutions prévues pour le baccalauréat :

Le contrôle continu :
L’APLV s’inquiète à la fois des pressions subies par les professeurs, en augmentation depuis que le contrôle continu est entré en application du fait de la crise sanitaire, et du risque que l’organisation locale de l’évaluation des disciplines de tronc commun fait courir à l’évaluation des activités langagières orales.

Le ministère a prévu de permettre aux professeurs de réfléchir de manière collective dans chaque lycée ou dans chaque bassin lors de deux demi-journées libérées pour travailler sur leur projet d’évaluation. Les collègues seront guidés par les chefs d’établissement et les IA-IPR pour mettre en œuvre des évaluations communes, dans la transparence des exigences vis-à-vis des élèves et de leurs familles. Ces évaluations communes pourront être en partie des évaluations croisées. L’attestation de langue et la banque nationale de sujets, qui sont maintenues, ont pour but de conserver un cadre national aux structures d’évaluation et de fixer les cibles attendues en fin de terminale.

Madame Pradeilles-Duval ajoute qu’il y a une volonté, au niveau ministériel, de faire appliquer des sanctions envers les « tacticiens de l’absentéisme lors des évaluations ».

Les programmes :
Apparemment, les critiques et inquiétudes de l’APLV sur les programmes de tronc commun et surtout de spécialité, ne sont pas partagées par les autres interlocuteurs du ministère. Il n’y aura donc pas de nouvelle saisine du Conseil Supérieur des Programmes.

Madame Pradeilles-Duval constate que les spécialités LLCER sont demandées par les élèves de 2de dans une proportion équivalente aux années précédentes, même si elle concède que ce sont surtout les deux spécialités anglais qui connaissent la plus forte demande. Elle note aussi, comme l’APLV l’analysait (https://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article8630), que les spécialités LLCER ne sont pas abandonnées de manière massive en fin de 1re.

Les LVC :
L’APLV a mal interprété le texte officiel. Les options ne seront pas détachées du contrôle continu, avec des points bonus, mais au contraire intégrées dans le contrôle continu, dans le but de les valoriser davantage.

Par exemple, un candidat qui choisira deux options verra son total de points calculé sur 104 coefficients au lieu de 100 (coefficient 2 pour chaque option) et sa moyenne sur 20 sera calculée à partir d’un total sur 2080 (104 x 20) au lieu de 2000 (100 x 20).

L’APLV rappelle son attachement à la pluralité de l’offre de langues vivantes dans l’enseignement, pour des raisons culturelles, politiques et économiques. Elle déplore que d’ores et déjà la réforme du lycée et du baccalauréat vide les classes de langues régionales et de langues étrangères peu enseignées.

Le grand oral :
Madame Pradeilles-Duval rappelle que l’obligation est qu’au moins un des membres du jury enseigne l’une des disciplines choisies en spécialité par les candidats. Il peut donc se produire qu’un candidat ait prévu de parler une langue vivante étrangère ou régionale et qu’aucun des membres de jury ne puisse la comprendre. Le ministère ne prévoit pas de changer la composition des jurys pour les prochaines sessions de l’examen. Cela revient donc à conseiller aux candidats de faire leur exposé en français uniquement et de se préparer à répondre le cas échéant aux questions du jury dans la langue de leur spécialité LLCER.

L’ETLV :
Là encore, il n’est pas question de revenir sur l’introduction de cet enseignement, même s’il connaît de graves dysfonctionnements (diminution de l’horaire des LVA et LVB, réticence des professeurs non-linguistes à qui on l’impose, surcroît de travail pour les professeurs de LVER).

Le seul changement est que l’ETLV, qui actuellement se fait très majoritairement en anglais, sera ouvert à la LVB, ce qui permettra d’assurer une certaine diversité.

La dématérialisation des copies :
La session 2021 a connu des dysfonctionnements mais ils ont représenté moins de 1% des copies de français et philosophie. Pour des raisons de coût, il n’est pas question de changer le logiciel Santorin utilisé cette année.

La dématérialisation permet aux services rectoraux et au SIEC de ventiler les copies très largement sur un plus grand nombre de correcteurs, ce qui lisse le biais lié à la correction par le même correcteur d’un grand nombre de copies venant du même établissement.

En conclusion, même si l’entretien avec Madame Pradeilles-Duval a été cordial, la délégation de l’APLV ne peut qu’être frappée par le fait que la situation n’est plus celle du 7 juin (https://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article8659). Le ministère ne cherche plus à consulter et à partager des analyses, le temps est venu pour lui de défendre les ajustements au baccalauréat voulus par le ministre. Une fois de plus, nos remarques d’ordre pédagogique reçoivent des réponses fondées exclusivement sur des remontées statistiques et des analyses économiques et gestionnaires. La maîtrise de son dossier par notre interlocutrice cache mal tout ce qui dans son discours relève du passage en force et donc du dialogue de sourds.