Présentation de l’ouvrage :
Un des aspects les plus audacieux de la philosophie de Giambattista Vico consiste à penser rationnellement ce qui, dans la tradition cartésienne, avait été rejeté dans le « confus » et dans « l’obscur ». Il en ressort une tension qui se manifeste clairement dans l’oeuvre majeure du philosophe napolitain, la Scienza nuova (1725-1744).
Loin d’être une alternative à la pensée cartésienne, l’entreprise de Vico s’assume comme pleinement scientifique, le problème étant alors de forger de nouveaux moyens épistémologiques adaptés au nouvel objet de la science, la « nature commune des nations ». Il en ressort une œuvre fascinante, mêlant une réflexion sur la fondation de la science à une plongée dans le monde poétique des premiers hommes et à leur mode de pensée.
Mais ce qui fait la force de la Scienza nuova consiste à maintenir jusqu’au bout l’exigence de rationalité. La fascination qu’offre le monde des « auteurs des nations », ce monde issu d’une imagination toute‑puissante, aboutit non pas à l’éviction de la raison, mais au contraire, à sa redéfinition dans la perspective d’un usage pratique et politique.
Pierre Girard est agrégé et docteur en philosophie. Maître de conférences dans le Département d’études italiennes de l’université Jean Moulin-Lyon 3, ses recherches portent sur la philosophie politique et sur l’histoire des idées en Italie, des Lumières à nos jours.
Il fait partie de l’UMR 5037 du CNRS (CERPHI/ENS-LSH).