Dans le titre que Séverine Wozniak a choisi pour son intervention le 14 novembre dans le cadre des clics de l’APLV, c’est l’expression « vraie spécialisation » qui pour elle, donnait sens à la problématique.
En effet, en dépit du fait que les langues vivantes sont présentes dans de très nombreux parcours universitaires, sinon dans tous, et que donc elles sont majoritairement enseignées en dehors des parcours LLCE, la vision que l’institution universitaire comme le grand public retiennent des enseignements de langue se limite au quatuor composé de littérature, civilisation, linguistique et traduction. L’enseignement des langues dans les sections professionnalisantes est le parent pauvre du système : absent des formations universitaires et aux concours de recrutement, « sous couvert » par les enseignants titulaires et donc majoritairement confié à des vacataires, financièrement sous doté, il pâtit en outre d’un manque de continuité entre ses déclinaisons dans l’enseignement secondaire (séries technologiques et professionnelles) et dans le supérieur (STS, IUT, secteur LEA, disciplines hors parcours LLCE).
Passionnée par son métier, qui lui permet de « sortir de sa zone de confort » et d’« apprendre de nouvelles choses », Séverine Wozniak s’est particulièrement attachée à nous montrer que l’enseignement des langues pour spécialistes d’autres disciplines était une vraie spécialisation universitaire, avec un vivier de chercheurs dynamiques, des manifestations et des publications scientifiques, qui permettent de mettre en évidence de « bonnes pratiques, sans trop les modéliser ». C’est de plus un enseignement linguistique et langagier à part entière, où, comme dans les autres, langue et culture sont indissociables. L’expérience montre qu’on ne peut pas concevoir cet enseignement uniquement comme l’apprentissage d’un glossaire spécifique à telle ou telle spécialité, la terminologie n’étant pas ce qui pose les plus gros problèmes aux étudiants.
Dans un contexte d’internationalisation et de développement de la mobilité, il devient nécessaire de favoriser l’exposition à des variétés non-natives des langues enseignées, qui posent évidemment d’autres difficultés que les variétés natives. Il convient aussi de développer des types d’enseignement plurilingue et d’ouvrir les étudiants à d’autres langues, langues modimes ou langues de cultures non-européennes.
Le prochain clic aura lieu le jeudi 30 novembre. Notre invité sera Jürgen Erfurt, spécialiste d’enseignement bilingue à la Goethe Universität de Francfort. Il développera “une conception transculturelle et translangagière de l’apprentissage des langues”. Vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire en écrivant au webmestre de l’APLV : web@aplv-languesmodernes.org