Éditorial des « Langues Modernes » n° 3/2020

Par Émilie Perrichon et Laure Peskine, rédactrices en chef
dimanche 31 janvier 2021

Au moment où vous lirez ces lignes l’année 2021 sera commencée depuis quelques semaines et nous vous présentons donc nos vœux pour une année plus sereine que celle qui l’a précédée. Comme nous vous le signalions dans le numéro 2/2020 la pandémie nous contraint à décaler nos publications. Le dossier que nous vous présentons aujourd’hui devait à l’origine paraitre dans le numéro 4/2020, il remplace le dossier sur la Langue des Signes Française coordonné par Saskia Mugnier qui paraitra en 2021.
C’est avec plaisir et enthousiasme que nous vous présentons aujourd’hui la première partie d’un dossier : « Enseigner la prononciation en classe de langue : démarches et outils ». La suite du dossier sera publiée dans le courant de l’année 2021.

En 1905 Paul Passy [1] publiait dans le n° 192 du Bulletin de la société des professeurs de langues vivantes de l’enseignement public un article intitulé « l’application de la phonétique à l’enseignement des langues vivantes » qu’il ouvrait avec ces lignes :

« Il est inutile, je pense, d’insister sur la nécessité de donner aux élèves une bonne prononciation, et cela dès le début. Tout le monde est d’accord là-dessus. Tout le monde sait, d’autre part, qu’une bonne prononciation ne s’acquiert pas toute seule, par la simple imitation non dirigée. » (p. 121)

et qu’il concluait avec, entre autres, ces mots :

« C’est au maître à trouver les procédés qui conviennent le mieux [...] quand il possède des connaissances élémentaires de phonétique. À défaut de ces connaissances, il est presque fatalement condamné à n’obtenir qu’une prononciation mauvaise ou médiocre, tout en se donnant beaucoup plus de mal. On ne peut donc pas conseiller d’une manière trop pressante à tous les jeunes professeurs, de se familiariser, le plus promptement possible, avec les résultats d’une science encore nouvelle, mais qui est devenue l’auxiliaire indispensable de tout bon enseignement des langues. » (p. 123)

Et pourtant en consultant les archives de notre revue on constate que l’enseignement de la prononciation est un sujet qui a été beaucoup moins abordé que, par exemple, l’enseignement de la grammaire, du lexique ou de la littérature. La finalité de l’enseignement des langues vivantes a certes évolué au cours du XXe siècle et l’oral a pris de plus en plus d’importance, cependant sur ces trente dernières années, on ne recense dans notre revue que trois dossiers thématiques consacrés à la prononciation. [2]

Nous sommes donc très reconnaissantes envers Laura Abou Haidar, MCF-HDR à l’université Grenoble Alpes d’avoir accepté de coordonner ce dossier. Nous la remercions vivement car la tâche ne fut pas aisée en cette période de pandémie. Nous remercions aussi tous les auteurs qui ont répondu à l’appel car leurs rédactions s’effectuent alors que les activités professionnelles de tous sont grandement perturbées et nous obligent à adapter nos pratiques, comme le reflète le clin d’œil de notre dessinateur Benoit Cliquet.

Pour compléter ce numéro nous publions en hors thème un article de Michèle Valentin « Le CECRL : quelles influences sur les pratiques enseignantes ? », article qui reprend et complète l’intervention que l’auteure avait faite à la journée d’étude de l’APLV de novembre 2018.
Les quatre numéros de 2021 sont tous en cours d’élaboration mais il est difficile dans les conditions de travail inédites que nous vivons tous de prévoir des dates de parution. Nous incitons nos abonnés à renouveler d’ores et déjà leur abonnement en guise de soutien à notre équipe qui travaille sans relâche.
Nous avons une pensée forte pour les auteurs, coordinateurs, relecteurs, dessinateur, maquettistes et imprimeurs qui œuvrent pour que chaque numéro soit de qualité et qui permettent de toujours garder le cap de cette revue plus que centenaire.
Bonne lecture et bon courage à tous.


[1Paul Passy (1859-1940) était phonéticien  ; en 1886 il fonda l’Association phonétique internationale qui regroupait à l’origine des professeurs de langues. Il a participé à l’élaboration de l’alphabet phonétique international.

[2N° 3/1992 : Et la phonétique  n° 2/1999 : La compréhension de l’oral  ; n° 3/2007 : La compétence phonologique, sommaire en ligne. Le sujet a parfois été abordé dans des articles parus dans d’autres dossiers. Nous signalons en particulier l’article d’Émilie Magnat et Yoan Goudin paru dans le numéro 2/2020 Voir pour entendre et prononcer, entendre pour lire et écrire dans lequel les auteurs abordent la question de l’enseignement-apprentissage de la phonologie en langue étrangère et notamment la manière de percevoir et de distinguer aussi bien à l’œil qu’à l’oreille les phonèmes de la langue cible.