En juin 2020 était diffusé un appel à articles pour un dossier des Langues Modernes intitulé « Confinement et enseignement-apprentissage des langues ». Le premier confinement, qu’avait accompagné la fermeture brutale des écoles, collèges, lycées et universités, venait de prendre fin (le 11 mai 2020) et Astrid Guillaume, coordinatrice du dossier, invitait enseignants et chercheurs à « partager aussi bien les inédits et belles innovations pédagogiques, les retours d’expérience, la transformation pédagogique, que les témoignages des difficultés engendrées par cette situation nouvelle ».
Cet appel a donné lieu à un nombre conséquent d’articles, offrant un riche panorama du vécu et des questionnements suscités par la crise sanitaire, le confinement, et leurs répercussions sur l’enseignement / apprentissage des langues. Il a été décidé de leur consacrer deux dossiers, réunissant chacun six articles, et intitulés, pour le premier, « Confinement et langues : choc collectif et solutions » (4/21), et, pour le second, que vous vous apprêtez à lire, « Confinement et langues : l’humain au cœur de la crise » (3/22).
Le processus de parution de ces deux numéros a été passablement chamboulé par les rebonds de la crise sanitaire et ses multiples répercussions, dans différents compartiments de nos vies. Mes remerciements vont aux auteurs, qui se sont montrés patients et compréhensifs devant ces délais inhabituels, à la coordinatrice, Astrid Guillaume, qui a tenu le cap malgré les difficultés traversées, à Michèle Valentin et à toute l’équipe de la revue qui ont aidé à la relecture et à la correction des articles.
Il n’est pas sans intérêt de lire, avec quelques mois de recul, ces articles écrits encore « à chaud », qui illustrent la réactivité, l’adaptabilité et l’inventivité des enseignants et des chercheurs face à la crise inédite à laquelle ils ont été confrontés. S’y lisent aussi leur volonté de continuer à interroger, au cœur même de la crise, leurs pratiques, et la manière dont ils sont amenés à les reconfigurer. Dans quelle mesure les outils vers lesquels se tournent les enseignants sont-ils compatibles avec le droit (article de Karine Lince-Barrère) ? Quelles sont les répercussions du confinement et du passage au « tout distanciel » sur le sentiment d’efficacité personnelle d’enseignants-stagiaires (article d’Alexa Craïs et Rebecca Dahm) ? Sur la représentation que des enseignants de FLE chypriotes peuvent avoir de leur métier (article d’Elodie Wynar) ? Sur la délimitation du champ disciplinaire d’enseignants d’UPE2A (article de Madeleine Buet) ? ou encore sur un dispositif de télécollaboration interculturelle pourtant initialement prévu sur un mode distanciel (article de Martine Derivry-Plard, Julie Cassiède et Marie-Pierre Ingouf ) ?
Enfin, dans une postface qui clôt les deux numéros « Confinement et enseignement-apprentissage des langues ». Michèle Valentin, rédactrice en chef adjointe de la revue, trace les grandes lignes du bilan qui peut être tiré des expériences évoquées dans les douze articles ainsi réunis.
Comme on le voit, bien des questionnements que soulève cette « pédagogie de l’urgence » (comme la qualifient Sophie Dufossé et Jill Salomon dans le numéro 4/21) ne sont pas inédits : le confinement et ses conséquences ont seulement contribué à les mettre plus encore en lumière et les articles rassemblés dans le présent dossier interrogent, plus largement, le tournant numérique et son impact sur l’enseignement / apprentissage des langues.
Je vous souhaite une excellente lecture.