Le clic de Stéphane Pesnel, jeudi 1 décembre, abordait la question centrale, mais pourtant quelque peu ignorée des lecteurs de l’écrivain, du rapport de Kafka à ses origines.
Stéphane Pesnel a d’emblée rappelé les reproches que Kafka fait à son père dans sa célèbre « Lettre au Père » de 1919 : dans son souci d’acculturation, c’est-à-dire d’intégration au milieu de la bourgeoisie germanophone de Prague, le père de Kafka n’a pas transmis à son fils la culture de ses ancêtres, le privant d’une geste familiale et provoquant chez lui un « tiraillement » existentiel durable.
Face à ce non-dit des origines, l’écrivain s’inventera un roman familial, la nostalgie « romantisée » d’un judaïsme originel, ritualisé, qui représentera pour lui, contre l’acculturation du père, une vraie force vitale.
Ce n’est donc pas un hasard si Kafka va se rendre perméable aux influences culturelles juives qui croiseront sa route : le hassidisme, à travers Martin Buber, le théâtre yiddish, plus tard le sionisme. Grâce à ces différentes influences, Kafka se construit un substrat de culture juive, qui lui permet, au fond comme nombre de ses personnages, de « s’approcher d’un sens sans y parvenir ».
Stéphane Pesnel nous a montré aussi comment cette quête des origines façonne l’écriture de Franz Kafka. Les figures typisées de ses textes (le juge, le gardien, l’homme de la campagne, le sage, les animaux nuisibles ou parasites) comme ses formes de prédilection (la parabole, l’apologue, le texte symbolique court), sont inspirées de la tradition littéraire juive et des paraboles hassidiques.
Le prochain clic de l’APLV aura lieu le jeudi 15 décembre à 18h30. L’intervenante, Pascale Abdelkhirane, nous parlera de l’écriture de fiction en cours de langue. Vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire en écrivant au webmestre de l’APLV : web@aplv-languesmodernes.org