Quand vous lirez cette note la nouvelle année scolaire aura déjà commencé. Je vous souhaite une bonne rentrée.
En Russie la rentrée des lycéens se fait le premier septembre pour les classes qui correspondent aux premières et terminales dans notre système scolaire. Cette année le élèves ont reçu un nouveau manuel d’histoire intitulé Histoire de la Russie, de 1945 au début du xxie siècle. Ce manuel, qui a été écrit dans la précipitation, en moins de cinq mois, développe une vision très fabriquée et très orientée des événements les plus récents en Russie
En voici quelques exemples. Les parties concernant l’histoire des années 1970 à 2000 ont été entièrement réécrites, tandis qu’une nouvelle partie a été ajoutée pour couvrir les événements de 2014 à aujourd’hui, avec une section dédiée à l’« opération militaire spéciale ».
Une autre nouveauté réside dans le fait qu’un chapitre entier est consacré à « La Russie, le pays des héros ». Il narre les exploits des militaires sur le champ de bataille. Il présente la guerre sous un jour positif, justifiant l’intervention des Russes, qui y apparaissent en victimes d’une machination de l’Occident, alors que les Ukrainiens sont les ennemis qui mettent en danger la Russie. Les mensonges et les réécritures de l’histoire visent à manipuler le peuple et glorifient le récit fabriqué ces dernières années par le Kremlin. Les idées exprimées relèvent de la propagande et n’ont rien en commun avec l’Histoire.
Notre système scolaire est loin d’être parfait, et notre pays subit des turbulences, des grèves et des crises politiques et sociales dans de nombreux domaines, mais la démocratie nous donne le droit de discuter, de réagir, de proposer des idées. Les lois sont respectées. Nous devons protéger notre histoire, éviter les abus et faire respecter la démocratie à tout prix.
L’enseignement des langues contribue à cet effort de façon majeure, d’abord parce qu’il permet aux collégiens et lycéens d’appréhender de manière critique les usages de notre société en les confrontant à des points de vue venant de cultures étrangères (d’où l’importance de leur proposer des documents authentiques), parce qu’il promeut la tolérance à l’égard des gens qui pensent et agissent autrement, au sein d’autres cultures, enfin parce que les pédagogies communicatives et actionnelles se prêtent particulièrement bien aux débats d’idée. Défendre l’enseignement des
langues, c’est aussi défendre la démocratie, la tolérance et la laïcité.
Je vous souhaite une bonne lecture de ce dossier consacré à la didactique intégrée des langues et coordonné par Michel Candelier et Michèle Valentin.