Nous voici déjà en mars. Quand vous lirez ces mots, la nouvelle année scolaire et universitaire sera déjà bien engagée.
Le thème de ce dossier des Langues Modernes m’a inspiré une réflexion sur les approches et les évolutions de la politique de l’enseignement des langues depuis la réforme Blanquer de 2019.
La mise en place de cette réforme, appliquée à l’enseignement général et technologique, a permis de faire des économies, réduisant l’enseignement des langues à une peau de chagrin, limitant et compliquant les choix d’options en langues vivantes, renommées LVA – LVB – LVC.
Officiellement, le but de cette réforme était de simplifier l’examen du baccalauréat en valorisant le contrôle continu et en évaluant les élèves tout au long des deux années de première et terminale. Sur le papier, ceci semble louable et conforme à ce que l’on attend d’un apprentissage juste et cohérent.
On parle peu des enfants bilingues et des langues dites « rares ». Par exemple, l’enseignement de spécialité porte au choix pour les langues étrangères sur les langues : anglais, allemand, espagnol, italien et portugais, et pour les langues régionales sur les langues : basque, breton, catalan, corse, créole, occitan-langue d’oc et tahitien.
Le plurilinguisme concerne souvent les populations issues de l’immigration qui parlent une ou plusieurs langues et qui se sentent exclues de l’école. Une langue, c’est une culture et aussi un art de vivre, des coutumes qui construisent une iden- tité culturelle et une fierté. Une langue doit être parlée, écrite, mise en valeur et devenir un atout et une fierté. Elle doit aussi être transmise.
Connaitre et parler une ou plusieurs langues enrichit les locuteurs et crée de la richesse au niveau humain et social.
Connaitre une langue, c’est un atout supplémentaire dans la vie.
Il y a une réelle rupture culturelle entre l’enfant et l’école où l’on parle une langue différente de celle de la maison. Au-delà du décalage linguistique, le jeune doit composer et s’intégrer dans un nouveau contexte tout en retournant chaque soir chez lui, dans son univers familial. Certains n’éprouveront aucune difficulté à intégrer ce nouveau bilinguisme social et langagier. D’autres se sentiront exclus ou mal à l’aise et auront de la difficulté à s’insérer et à comprendre les codes qui régissent l’école. Les professeurs ont une lourde tâche à accomplir en tant que pédagogues spécialistes des langues.
Les professeurs de langues « dites rares » (langues modimes), dans la réforme du lycée et du baccalauréat, sont oubliés, négligés, et l’APLV a bien souvent fait remarquer à la DGESCO son manque d’anticipation pour remplacer ceux qui partent à la retraite. En témoignent l’absence de concours de recrutement ou le peu de postes attribués pour ces langues.
C’est le cas, par exemple, de l’arabe : l’arabe est une des langues les plus parlées dans le monde et pourtant elle ne bénéficie pas d’un recrutement important dans l’Éducation Nationale.
Certaines langues bénéficient d’une aura exceptionnelle auprès des jeunes, l’anglais, par exemple, pour citer la plus connue. Un élève m’a récemment dit que l’anglais avait un « style » alors que d’autres langues n’en avaient pas. Que répondre à ce genre de remarques ? Chaque langue a son style et il faut trouver celui qui conviendra le mieux à chaque individu.
Je vous souhaite une bonne lecture de ce dossier coordonné par Marie-Hélène Avril.