Définir la notion de stratégie est une tâche complexe car elle renvoie à des aspects différents de lʼaction de l’élève, les stratégies peuvent se manifester sous plusieurs formes : comme de simples techniques, des mécanismes ou des comportements).
Nous les définissons généralement, de manière consensuelle, comme une série dʼopérations permettant à lʼapprenant dʼatteindre les objectifs fixés. Quelles que soient les définitions la plupart ne prennent pas en compte le caractère « collectif » que peut avoir une stratégie. Il peut en effet y avoir des stratégies collectives comme on peut lʼobserver dans la répartition des tâches dans un projet collaboratif.
Étant donné lʼimportance du collectif dans la « formation dʼun acteur social » assignée par le CECRL à lʼenseignement-apprentissage des langues, il faut donner au terme de stratégie cette dimension collective qui lui semble faire défaut. C’est ce qu’une partie du dossier montrera.
Les articles qui vous sont proposés traitent également la question du développement des stratégies et de leur accompagnement dans l’enseignement de la grammaire d’une langue. La grammaire reste-t-elle un objet d’étude privilégié ? Quelle est l’importance accordée à l’analyse grammaticale ? Parallèlement, qu’en est-il de l’apprentissage du lexique, de la phonologie et de l’enrichissement de la langue ?
La place et le rôle des savoirs linguistiques sont également à interroger, alors même que dans les dernières générations de programmes l’approche par compétences a été privilégiée : selon quelles modalités la langue est-elle mobilisée pour communiquer ? Les professeurs ont-ils recours à des stratégies spécifiques visant à accompagner le transfert des savoirs ? Comment procèdent-ils pour amener leurs élèves vers les niveaux du CECRL visés par les textes officiels ?
Un troisième axe de réflexion s’intéresse particulièrement à la dimension éducative de l’enseignement des langues : comment mettre les élèves en situation d’établir une distance entre eux et le monde, espace indispensable à l’analyse et à l’étude de la langue ? Comment repenser la notion d’inter et co-culturel dans cette dimension ?
C’est dans ces perspectives que se situe ce numéro coordonné par Michèle Valentin que nous remercions vivement à la fois pour son engagement envers l’APLV et les Langues Modernes et pour ce dossier de grande qualité qui, nous en sommes convaincus, sera d’une grande utilité dans la réflexion sur ces questions complexes.
Le dossier est suivi d’un article hors-thème dans lequel Élisabeth Crosnier et Nicole Decuré reviennent sur les difficultés d’apprentissage des prépositions anglaises par les francophones. Elles ont étudié les réponses d’un groupe de 200 étudiants afin de repérer la nature et les raisons de leurs erreurs et de proposer quelques pistes de remédiation.
Nous profitons de cet éditorial pour souhaiter une très bonne rentrée à tous nos lecteurs.
Bonne lecture !
Éditorial des « Langues Modernes » n° 3/2019
Par Émilie Perrichon et Laure Peskine, rédactrices en chef
mardi 10 septembre 2019