Le premier trimestre de cette année scolaire a continué de focaliser toute une partie de l’activité de l’APLV sur les problèmes graves relevant de la mise en place et de la préparation des nouvelles épreuves du baccalauréat. À la suite de notre entrevue du 3 juillet 2012 et aux propositions de modifications que nous avions transmises fin juillet au ministère, un long silence et une absence de retour comme d’informations fiables pour nos collègues inquiets sur le terrain, ont amené l’APLV à lancer une nouvelle pétition pour demander des sujets zéro. Plusieurs milliers de signatures en l’espace de deux semaines avec le soutien de nombreuses associations de linguistes (ADEAF, AFDA, AFPC, FNAI, Langues Néo-Latines), la remise de la pétition commune lancée avec le SNES dès février dernier par le syndicat lors de son entrevue fin octobre et la demande d’une nouvelle audience par l’APLV ont permis de faire avancer un peu les choses, si l’on considère la publication toute récente en novembre d’éléments de sujets sur le site d’Eduscol et l’organisation de réunions dans un certain nombre d’académies comme une amorce de réponses. Cependant, des différences importantes persistent encore selon les langues, aussi bien au niveau des modèles de sujets publiés qu’à celui des instructions données aux collègues lors des réunions académiques ou locales. Ainsi, par exemple, les modèles de sujets ne sont pas en réalité de véritables sujets zéro, mais des pistes de sujets ne mettant pas toujours en œuvre fidèlement les approches énoncées dans les instructions officielles sur les nouvelles épreuves du baccalauréat et prenant parfois quelques libertés avec la nature de la compétence censée être évaluée (expression en langue étrangère au sein de l’épreuve de compréhension). Par ailleurs, le nombre de sujets demandés aux collègues diverge selon les académies et les dates initialement retenues dans le calendrier officiel (février) pour une partie des épreuves pourront désormais être décalées au niveau local suivant l’état d’avancement de la préparation.
L’APLV fera état des réponses qu’elle a obtenues du Cabinet du Ministre et de l’Inspection Générale lors de l’audience du 23 novembre dans un compte rendu mis en ligne sur son site, mais nous pouvons constater pour le moment la persistance d’une vive inquiétude chez de nombreux collègues, qui sont déroutés par la tournure que prend la mise en place de ce nouveau baccalauréat et ne comprennent toujours pas les motivations profondes d’une disparité qui se dessine entre langues, académies et établissements pour les épreuves d’un diplôme national. En espérant que les à-coups de la communication institutionnelle soient majoritairement imputables aux difficultés de la prise en charge par la nouvelle équipe ministérielle d’une réforme décidée par les responsables politiques antérieurs avec une mise en œuvre immédiate imposée dans le cadre d’une loi, et non à une relative inertie des équipes techniques impliquées antérieurement dans son élaboration en l’absence de toute concertation, l’APLV continuera en tout état de cause de transmettre aux autorités les demandes des collègues de terrain, d’affirmer la nécessité d’une harmonisation entre les différentes langues et d’exprimer ses propres critiques sur le fond et la forme des épreuves en tant qu’association de spécialistes.
Mais l’urgence de l’action liée aux nouvelles épreuves du baccalauréat ne doit pas non plus occulter les autres problèmes inhérents à l’enseignement des langues vivantes dans notre pays, auxquels cette réforme ne semble pas apporter de solutions tangibles dans sa forme actuelle au niveau de l’enseignement secondaire. La place des langues vivantes dans l’enseignement primaire comme dans l’enseignement supérieur doivent également l’objet d’une réflexion et d’une concertation approfondies, alors que ces questions ont été laissées en friche depuis la publication du rapport Halimi. Les problèmes du recrutement et de la formation des maîtres sont aussi très loin d’avoir été résolus dans leur ensemble, malgré les modifications positives apportées aux décisions antérieures en matière d’élévation du nombre de postes aux concours, de création d’un concours exceptionnel l’an prochain et de réintroduction de temps de formation avec décharge de service pour les candidats reçus. Ces décisions dictées par l’urgence ne doivent cependant pas se substituer aux corrections importantes des modalités de recrutement et de formation des maîtres en langues vivantes prévues dans le cadre de la « mastérisation », telles qu’elles ont été formulées et demandées par les collègues impliqués de l’enseignement supérieur comme par l’APLV. La fermeture de concours pour certaines langues ne va pas non plus dans le sens de la diversification nécessaire dans notre pays, pour laquelle l’APLV poursuit son combat en liaison étroite avec les autres associations dédiées à des langues spécifiques. Ainsi, l’APLV remettra lors de son audience au ministère la lettre adressée au Ministre par la FNAI (Fédération Nationale des Associations d’Italianistes) à propos du petit nombre d’enseignants titulaires en italien et la nécessité de rouvrir le Capes interne en 2014 comme d’offrir un nombre important de postes au concours réservé de 2013.
Notre assemblée générale a eu lieu le samedi 27 octobre à l’Université de Grenoble 3, vous en trouverez le compte rendu dans les pages réservées à la vie de l’association et sur le site. Elle a été précédée d’une journée d’étude consacrée à l’autonomie qui s’inscrit dans un cycle commencé avec le numéro précédent des Langues Modernes et qui se poursuivra en mars 2013 par une nouvelle journée d’étude à l’Université de Grenoble 3, toujours en partenariat avec le service LANSAD dirigé par Monica Masperi et le Laboratoire LIDILEM de l’Université Stendhal-Grenoble 3. Cette démarche s’inscrit pleinement dans la vocation de l’APLV en tant qu’association fédératrice regroupant les enseignants de toutes les langues vivantes à tous les niveaux d’enseignement à animer l’innovation, la réflexion et la recherche pédagogiques dans les domaines relevant de sa compétence pour en faire bénéficier les collègues à la fois par des journées d’étude, des partenariats privilégiés avec des organismes culturels et des dossiers thématiques de la revue Les Langues Modernes.
Ainsi, par exemple, la MC93-Théâtre de Bobigny, propose des actions spécifiques aux enseignants adhérents de l’APLV qui abonnent leurs classes pour au moins trois spectacles (contact), en proposant des rencontres avec acteurs, metteurs en scène, traducteurs ou techniciens dans les établissements scolaires ou à la MC93. L’APLV a été à nouveau présente au Festival des langues à Lille et au Salon Educatec-Educatice et je remercie les équipes qui ont tenu les stands.
Cette livraison des Langues Modernes consacrée à l’inspection, et coordonnée par Michel Morel, répond également à ces objectifs, en associant réflexion théorique et pratiques diverses à propos des modalités et de la finalité de cette évaluation à notre époque.