Ce numéro étant la première livraison de notre revue pour l’année 2013, permettez-moi de vous adresser, en mon nom personnel ainsi qu’au nom de l’APLV et de son conseil d’administration, en lieu et place de vœux de nouvelle année, l’assurance d’un soutien et d’encouragements dont vous avez bien besoin en cette période déjà avancée de l’année scolaire ou universitaire.
Nous saluons en ce début d’année les adhésions de l’ADEPBA (Association pour le Développement des Etudes Portugaises, Brésiliennes, d’Afrique et d’Asie Lusophones) regroupant les enseignants de portugais et de la FNAI (Fédération Nationales des Associations d’Italianistes de l’enseignement secondaire) regroupant les enseignants d’italien qui rejoignent ainsi leurs collègues de l’ADEAF (allemand), de l’AFDA (arabe), de l’AFPC (chinois) et de la FELCO (langue et culture d’oc). Une réunion des associations partenaires est d’ailleurs en cours de préparation. Notre souci de réunir au sein de l’APLV, sans intention aucune d’hégémonisme en respectant leur indépendance, comme partenaires le plus grand nombre d’associations dédiées à une ou des langues en particulier, permettra de conjuguer nos forces et compétences pour amener les décideurs à mettre en place dans notre pays une véritable politique concertée des langues vivantes, dans une approche plurilingue à tous les niveaux d’enseignement. J’ai moi-même rappelé cette nécessité à l’occasion d’une émission en direct sur Europe 1 dont j’étais l’invité parallèlement au salon « Expolangues » en février dernier. Face à l’évolution de nos sociétés au niveau européen comme mondial, cet enjeu est non seulement économique, en termes d’incidences sur le commerce extérieur et les parts de marchés de nos entreprises, mais aussi culturel et politique. Les tendances au repli sur soi ressurgissent aujourd’hui comme dans toutes les périodes difficiles : dans ce contexte, l’ouverture d’esprit comme les échanges avec les autres que permettent les compétences en langues étrangères sont les meilleurs vecteurs pour promouvoir nos valeurs et éviter le retour des démons de l’histoire qui les ont piétinées.
Les nombreuses inquiétudes que nous avions déjà soulignées dès 2011, puis au cours de l’année 2012, auprès des deux équipes ministérielles successives à propos de la réforme des épreuves de langues vivantes au Baccalauréat pour la session 2013 sont bien loin d’être dissipées pour nos collègues exerçant en lycée. Les réponses obtenues lors des audiences successives au Ministère de l’Education nationale par nos délégations aux diverses remarques et demandes pertinentes formulées par l’APLV comme par les collègues de terrain dans leur témoignages et messages adressés à notre association sont loin d’avoir permis des avancées satisfaisantes pour l’organisation de cette session. Les remontées des premières épreuves passées sur le terrain ne font que confirmer la pertinence de nos critiques et la nécessité de continuer une réflexion approfondie sur cette question en envisageant l’organisation d’une journée d’étude nationale pour tirer les conclusions de cette session du Baccalauréat et y associer le maximum de collègues des diverses langues concernées. Nous poursuivons par ailleurs notre action propre comme notre action conjointe avec nos partenaires, tandis que notre vice-président Michel Morel s’est exprimé récemment à ce propos sur les ondes de France-Info.
Comme nos collègues exerçant en lycée, nos collègues exerçant en collège ont également pris connaissance des répercussions des dotations horaires pour la prochaine rentrée. Aux difficultés communes qu’elles peuvent engendrer pour les deux cycles suite à des suppressions de postes ou de classes avec surcharge des effectifs, s’ajoute la pénurie de collègues pour remplacer les départs à la retraite que les inscriptions aux concours traditionnels ainsi que les mesures incitatives de pré-recrutement de divers type (CAE par exemple) ne semblent pas combler pour le moment. L’innovation pédagogique n’est pas un vain mot pour nos collègues de collège qui la pratiquent dans des conditions souvent très difficiles et l’APLV sera représentée au prochain Forum des enseignants innovants à Nantes par notre collègue Véronique Répeczky. Le dossier réalisé par notre collègue Jean-Luc Breton sur l’exploitation didactique du film « Shadow Dancer » et mis sur le site de l’APLV, suite à sa présentation en avant-première à Paris en coopération avec l’APLV, s’inscrit également dans cette démarche en s’adressant plus particulièrement aux collègues anglicistes des lycées.
Nos collègues universitaires sont confrontés également aux difficultés financières de nombreux établissements d’enseignement supérieur qui ont des répercussions sur les filières de langues vivantes, qu’elles soient en civilisation et littérature étrangère ou en langues étrangères appliquées, et sur les enseignements de langues pour spécialistes d’autres disciplines. Les réductions, suppressions d’horaires, rétrécissements de la palette de langues proposées et le gel des postes non ouverts au recrutement sont pour le moins des économies paradoxales face à l’enjeu majeur que représente l’apprentissage diversifié de langues vivantes dans notre pays pour l’insertion des jeunes dans la vie professionnelle comme la formation de futurs enseignants de langues dont le vivier aux concours de recrutement tend à diminuer. La réforme en cours de la formation des enseignants suscite d’ailleurs de nombreuses réserves de la part de l’APLV qui les a formulées sur son site. Le lien entre la formation et la recherche est indispensable pour les langues vivantes et l’APLV co-organise le 22 mars une deuxième journée d’étude consacrée à l’autonomie, en coopération avec le département LANSAD de l’Université de Grenoble 3, dans la suite de la première journée organisée à l’automne dernier, les communications seront publiées ensuite dans un numéro des Langues Modernes. L’APLV est également coorganisatrice avec les autres associations françaises de recherche en linguistique appliquée du colloque international « Cultures et recherche en linguistique appliquée » qui se tiendra à l’Université de Nancy du 14 au 16 novembre 2013 et dont l’appel à communications figure sur notre site.
Cette participation active à ces manifestations scientifiques témoigne du souci de notre association de permettre aux collègues de tous niveaux d’enseignement d’avoir accès à la recherche et de participer aux réflexions concernant leurs disciplines, en amont comme en aval, dans leurs différents aspects. Tel était également l’objectif de la table ronde organisée par l’APLV et l’Étudiant et animée par Emmanuel Davidenkoff au dernier salon « Expolangues » sur le numérique. Ce numéro des Langues Modernes consacré à la problématique de l’enseignement de la grammaire pour étudiants non-spécialistes de langues s’inscrit aussi pleinement dans cette démarche.