Cette livraison est consacrée à l’enseignement universitaire des langues vivantes, tandis que l’enseignement supérieur n’a pas connu d’augmentation de ses moyens qui sont demeurés au mieux constants pour la plupart des établissements universitaires. Ceci a entraîné à nouveau le gel de nombreux recrutements, en particulier en langues vivantes, avec des conséquences mettant en difficultés les apprentissages et la recherche, au niveau de la diversification comme de l’acquisition de compétences variées spécialisées, toutes nécessaires aujourd’hui pour une insertion professionnelle réussie dans tous les domaines d’activité. L’absence de continuum entre les langues suivies au lycée et le supérieur demeure ainsi récurrente dans trop de filières et d’établissements.
Cette nouvelle année sera aussi la dernière avant la mise en place des réformes décidées pour le collège et les programmes des cycles 2, 3 et 4, avec la persistance d’interrogations sur les articulations entre le primaire et le secondaire, tant au niveau des contenus que d’une véritable formation initiale ou continue des enseignants, en particulier des professeurs des écoles.
La diversification linguistique, même si elle a été réaffirmée avec force au niveau des déclarations officielles, demeurera très aléatoire quant à sa réalisation effective sur le terrain, au vu du déficit en ressources humaines et en moyens pour la réaliser. La carte des langues qui nous avait été annoncée lors de notre audience au ministère en avril dernier et que les recteurs sont maintenant chargés d’élaborer se veut une réponse institutionnelle aux inquiétudes des nombreux collègues linguistes qui se sont exprimées suite à la publication du projet de réforme des collèges. La nomination depuis le 17 juin dernier de Sandrine KOTT, professeur d’histoire contemporaine de l’Europe à l’Université de Genève, comme Déléguée Ministérielle au renforcement de l’apprentissage de l’allemand a pour but essentiel de donner un gage aux germanistes et aux responsables politiques allemands très inquiets pour l’avenir de leur langue. Si nous ne pouvons être indifférents aux menaces pesant sur l’allemand dans notre pays - je l’ai écrit pour ma part également en tant que germaniste à plusieurs reprises -, nous avons aussi déclaré que bien d’autres langues sont également touchées par la réforme des collèges. Nous pouvons donc regretter que le choix ne se soit pas porté sur un/une linguiste ouvert/e par son engagement professionnel et ses travaux aux problématiques relevant de l’enseignement des différentes langues vivantes étrangères comme régionales. Nous espérons donc que la réalisation de cette carte des langues ne sera pas élaborée en catimini dans les bureaux des cadres administratifs, mais se fera dans les académies avec la participation de collègues de toutes les langues vivantes enseignées, y compris minoritaires, avec l’appui des organisations compétentes du secteur ouvertes au plurilinguisme. Nous en attendrons aussi les effets concrets sur le terrain.
L’APLV est prête à répondre aux sollicitations des autorités académiques et nationales pour apporter sa contribution constructive de seule association de spécialistes concernant l’ensemble des langues vivantes étrangères et régionales enseignées en France. C’est aussi dans cet esprit que l’APLV a répondu à l’invitation du Conseil Supérieur des Programmes « pour une relecture commune des projets de programmes de langues vivantes et régionales des cycles 2, 3 et 4 ». Je me suis donc rendu le jeudi 2 juillet à la réunion organisée au siège du CNED à Vanves et y ai présenté de vive voix lors de la discussion les remarques formulées par l’APLV, en particulier sur le caractère irréaliste de certaines exigences en termes de niveaux, suite à la lecture attentive effectuée par des membres du CA. Ces remarques avaient été adressées par écrit au CSP et au Ministère en juin, avant d’être publiées ensuite sur le site de l’association.
Vous comprendrez que dans cette perspective d’analyse pointue des propositions institutionnelles, de réflexion et de contribution au débat dans l’intérêt d’enseignements véritablement diversifiés et performants de langues vivantes étrangères et régionales, l’APLV ait besoin d’être renforcée en membres actifs impliqués dans la vie de l’association, y compris au niveau de son instance décisionnelle constituée par son conseil d’administration. Les renseignements nécessaires concernant la vie de l’association figurent dans ce numéro et sur le site. L’assemblée générale annuelle, dont le lieu et la date prévue dans la deuxième moitié de ce trimestre seront annoncés ultérieurement sur le site, sera l’occasion d’échanges et de réflexions autour des problématiques actuelles, et, en particulier, sur les enjeux de l’articulation enseignement primaire-enseignement secondaire et la nécessité d’une formation adéquate des maîtres.
Dans l’attente de vous y rencontrer, je vous souhaite une bonne reprise ainsi qu’une lecture enrichissante de cette livraison dont la thématique n’est pas réservée aux seuls enseignants du supérieur, mais s’inscrit parfaitement dans les problématiques didactiques actuelles et répond ainsi aux objectifs de l’APLV d’information, de formation, de recherche et d’interaction entre les enseignements de toutes les langues vivantes à tous les niveaux.
La note du président - N°3/2015 des « Langues Modernes », par Jean-Marc Delagneau
dimanche 13 septembre 2015